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Rebondir – L’édito de Patrice Chabanet

De sondage en sondage, l’exécutif prend l’eau. C’est peu de dire que les temps sont durs pour une majorité qui avait balayé les partis de l' »ancien monde ». Il aura suffi d’un méchant cocktail pour en arriver là : croissance faiblarde, chômage en très faible recul, augmentation de la CSG pour les retraités, démission spectaculaire de Nicolas Hulot, affaire Benalla. Et ce ne sont pas les réformes des retraites et de l’indemnisation du chômage qui ont des chances de faire remonter la cote de popularité du chef de l’Etat. Elles risquent d’être impopulaires avant d’apparaître efficaces. Pour desserrer l’étau de l’impopularité, Emmanuel Macron peut toujours se raccrocher à l’espoir d’une reprise de la croissance, mais il connaît les prévisions des économistes : 2019 ne se présente pas comme une année flamboyante. Raison pour laquelle il s’active beaucoup sur la scène internationale. Une façon de rebondir sur un autre terrain. C’est ainsi qu’il faut comprendre sa rencontre, hier à Marseille, avec Angela Merkel. Le chef de l’Etat sait très bien que l’élection européenne sera utilisée par ses adversaires comme un référendum contre lui.

A la différence des précédents scrutins, la thématique sera…européenne, en l’occurrence la crise migratoire. Le chef de l’Etat, il ne s’en cache pas, veut imposer un nouvelle ligne de fracture sur le Vieux continent, entre les « progressistes » et les « populistes ». Une façon d’exacerber les contradictions au sein de la droite, entre les libéraux pro-européens et les nationalistes façon Orban ou Salvini. Et au sein de la gauche, entre les sociaux-démocrates et les adversaires de l’Union européenne à la mode Mélenchon. La stratégie est séduisante et ambitieuse. Mais elle n’est pas forcément gagnante. La vague nationaliste se nourrit du désenchantement des peuples, perturbés par des mouvements migratoires dont ils craignent l’ampleur à venir et l’impact sur leur mode de vie. L’Histoire nous enseigne régulièrement que l’inquiétude exploitée par des discours très simples est difficile à juguler. Dans ce combat, Macron et Merkel paraissent bien seuls. Il ne leur reste que quelques mois pour trouver une martingale.

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