Toujours plus – L’édito de Patrice Chabanet
Trump a le cuir épais. Il faut lui laisser cette qualité dermatologique. Les banderilles tombent dru, mais l’animal reste debout et fonce tête baissée, tweets en avant. Mais cette fois-ci le danger se précise. Ce sont de très proches qui se débattent dans les filets de la justice américaine. Le premier, Michael Cohen, était son avocat quand il pilotait son groupe immobilier. Il s’est fait coincer pour fraude fiscale en marge de l’enquête sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle. Le second, Paul Manafort, son directeur de campagne, a été reconnu lui aussi coupable de fraude fiscale. Ce maillage d’affaires qui s’enchevêtrent prend un tour cocasse quand Michael Cohen reconnaît avoir payé deux partenaires sexuelles de Trump à sa demande. Officiellement, le président américain continue à fanfaronner. Une tête ne lui revient pas, il sévit. Ainsi, il vient de révoquer l’habilitation secret-défense de l’ancien patron de la CIA. Il y a quelques mois, il a licencié le directeur du FBI. Il s’en prend régulièrement au procureur spécial Robert Mueller, bien décidé à établir la vérité sur l’ingérence russe.
De là à imaginer le lancement d’une procédure d’impeachment, Trump a encore le temps de se débattre, de vitupérer et de crier au complot. Il compte sur son socle électoral qui lui reste fidèle et sur ses succès économiques, d’ailleurs amorcés par son prédécesseur. Mais il serait hâtif de réduire le peuple américain à une masse informe d’obsédés de la performance économique. La démocratie des Etats-Unis est aussi porteuse de valeurs. L’éventualité que son actuel président ait pu fricoter avec les Russes pour démolir sa rivale est ressentie comme une haute trahison. N’oublions pas, enfin, que le FBI et la CIA, régulièrement humiliés par Trump, doivent détenir quelques dossiers intéressants sur le personnage. Les élections de mi-mandat risquent d’être très rock’n’roll.