Un peu d’air – L’édito de Christophe Bonnefoy
La Grèce n’est plus à la rue. Mais pas sûr que la rue arrive immédiatement à voir la différence. Ainsi pourrait-on résumer le changement de statut d’un pays qui vivait depuis 2010 sous respiration artificielle.
Les nuits de négociations entre l’Union et le pouvoir grec sont loin. La triste saga, -dont la problématique était simple : se plier à des réformes drastiques ou mourir – a vu la raison des pays les plus riches, ou les moins malades, c’est selon, l’emporter sur la volonté grecque de ne pas basculer dans l’humiliation. Au prix, bien évidemment, d’un serrage de ceinture dont Athènes, en théorie, vient seulement de sortir. En théorie seulement.
Ainsi, le pays passe d’une mise sous tutelle qui ne lui a laissé aucune marge de manœuvre pendant huit ans à une surveillance renforcée qui ne lui offre pas grand choix, sinon celui de rester dans les rails d’une certaine austérité. Les Grecs apprécieront la nuance. Car au-delà des termes technocratiques et tournures alambiquées utilisés par les as de l’économie, il est peu probable que le quotidien des Grecs revienne subitement à ce qui peut s’apparenter au bonheur. Allemagne et France, en tête, saluent les efforts et se félicitent des résultats obtenus. La rue, elle, continue et continuera sans doute de subir. Un seul chiffre, qui prouve que malgré sa capacité retrouvée à partir se financer seule sur les marchés, la Grèce reste encore bien fragile, le taux de chômage, qui vient seulement de repasser sous la barre des 20 %. Le pays sort de la zone rouge. Mais pour l’instant, ce ne sont que des mots. Il reprend un peu d’air, mais aura du mal à respirer durant quelques années encore.