Semi-rentrée – L’édito de Patrice Chabanet
Les vacances politiques auront été de courte durée. La session parlementaire s’était terminée en fanfare, fin juillet, avec l’affaire Benalla et le dépôt d’une double motion de censure. Ce mercredi, soit un peu moins de trois semaines après, le gouvernement se retrouve en Conseil des ministres. Sûrement pas pour évoquer les congés des uns et des autres. Le chef de l’Etat, mis à part deux bains de foule, s’est plongé dans les dossiers lors de son séjour à Brégançon. Il l’a fait savoir par son épouse. « Mon mari travaille », a-t-elle lancé aux touristes en mal d’un selfie avec le chef de l’Etat. Du travail, il n’en manque pas. Il lui faut d’abord empêcher les oppositions de rallumer l’affaire Benalla, car jusqu’à présent c’est la seule embuscade qui ait réussi à bloquer la marche des réformes proposées par l’exécutif. La conviction de ce dernier est que l’opinion publique a des chances de se lasser d’un dossier dans lequel la justice suit maintenant son cours.
Pour le reste – c’est-à-dire ce qui concerne la vie quotidienne des Français – la route présidentielle est parsemée d’embûches. Les projets de budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale, la discussion sur la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), la refonte totale du système de retraite français donneront lieu sans aucun doute à de vastes polémiques sur fond de tensions sociales. Un rythme – une précipitation, accusent les adversaires de la Macronie – voulu et revendiqué par le président de la République. Il enferme les oppositions dans des attaques tous azimuts, et les empêche de présenter des contre-propositions en bonne et due forme. Il est plus facile de dénoncer les turpitudes d’un garde du corps et la médiocrité de sa défense que de présenter une grande réforme des retraites. Pour Emmanuel Macron et Edouard Philippe le danger viendra surtout du front économique. La croissance se tasse. Du carburant en moins pour l’emploi et le pouvoir d’achat. Et des impatiences en plus chez les électeurs.