Pleins feux – L’édito de Patrice Chabanet
L’Amérique reste fidèle à son image de démesure. Un nouvel exemple nous vient de la Californie où de gigantesques incendies de forêt dévastent le nord de l’Etat. Près de 120 000 hectares ont été détruits. Neuf personnes ont déjà péri dans ce brasier hors normes. Les 14 000 pompiers déployés sur le terrain font tout ce qu’ils peuvent, mais les autorités n’espèrent pas une accalmie avant la fin du mois d’août. Comme au Portugal, mais avec des conséquences plus impressionnantes encore, la météo explique l’ampleur du phénomène : la persistance de températures supérieures à 40 degrés transforme les forêts en combustible de choix.
Trump a réagi à sa manière : erratique. D’un côté, il a déclaré l’état de catastrophe naturelle. De l’autre, il a mis en cause les lois environnementales sur la gestion de l’eau. Sur place, les autorités en charge de la lutte contre le feu pointent surtout le changement climatique porteur d’incendies de plus en plus graves et de plus en plus destructeurs. De fait, chaque année voit se développer en Californie des catastrophes toujours plus amples dans ses massifs forestiers. Seuls les énormes moyens matériels mis en œuvre, tant aériens que terrestres, comme savent le faire les Américains, ont permis de limiter les pertes humaines. Les stratégies adoptées par les pompiers d’outre-Atlantique visent plus à détourner le feu vers des zones inhabitées ou des canyons que le combattre frontalement tant il est puissant.
Placée, malgré elle, en première ligne dans ce combat, la Californie se trouve ainsi en pleine confrontation avec l’actuel locataire de la Maison-Blanche qui rouvre les mines de charbon et démolit toute la politique environnementale de son prédécesseur. Quand Trump décide d’alléger les contraintes anti-pollution sur les véhicules, c’est la Californie qui parle de « stupidité ». Normal. Elle vit de manière brûlante, si l’on ose dire, tous les bouleversements climatiques.