Pas très clair – L’édito de Patrice Chabanet
Dans un pays où l’inflation s’approche allègrement de 1 000 000 %, tout est possible, y compris un attentat – réel ou supposé – contre son président. Le Venezuela d’aujourd’hui est en pleine décomposition économique et politique. L’attaque de deux drones contre Nicolas Maduro est à prendre avec des pincettes, comme la revendication par un groupe rebelle que personne ne connaît. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le chef de l’Etat vénézuélien a accusé la Colombie voisine d’être derrière cette opération. Un grand classique pour tout régime en perte de vitesse : trouver un bouc-émissaire pour justifier ses propres échecs. La communauté internationale, elle, n’a pas manifesté de soutien particulier à Nicolas Maduro après cet attentat sujet à caution. Hier soir encore, son plus fiable allié sur le continent, Cuba, est resté bien discret.
Cette affaire a au moins un mérite : faire remonter à la surface de l’actualité le drame que vit le Venezuela depuis l’ère Chavez, le prédécesseur de Maduro. Ce pays de plus de 30 millions d’habitants, très riche en pétrole, patauge dans la misère, la corruption et la violence. Plus de 4 millions d’habitants ont quitté le pays. Et la pénurie est devenue la règle. Le chavisme, qui avait beaucoup promis aux couches populaires ruinées par les régimes précédents, a donc totalement échoué. Pire : Maduro a institué une véritable dictature politico-militaire, en ne reconnaissant pas la victoire de l’opposition aux législatives de 2015.
L’avenir de la planète ne se joue pas au Venezuela, c’est certain. Il n’en demeure pas moins vrai qu’une guerre civile larvée ne demande qu’à s’élargir. Cela dit, Maduro a du souci à se faire. Dès l’explosion imputée à un drone, les militaires qui défilaient devant lui ont fui comme des moineaux. Comme soutien indéfectible, il y a mieux…