Fin de séquence – L’édito de Patrice Chabanet
a canicule n’aura pas eu raison de la pugnacité des oppositions. L’affaire Benalla les a dopées après un long hiver politique. Demain, à la veille des vacances parlementaires, elles vont tirer une nouvelle salve contre le gouvernement. La gauche et la droite déposeront, chacune, une motion de censure. Pas d’inquiétude pour l’exécutif. LREM dispose de 312 sièges sur 577 à l’Assemblée, auxquels il convient d’ajouter une cinquantaine de députés Modem. Alors, acte de bravoure ou procédure de témoignage ?
L’intérêt des opposants n’est pas de convaincre une majorité, un peu secouée par l’affaire, mais pas au point de voter la censure. Il est d’entretenir la flamme de la contestation, alimentée par les approximations et les oublis qu’ont mis en lumière les commissions parlementaires. Pendant des heures, le Premier ministre va devoir subir de nombreux assauts. Ses entraînements à la boxe ne seront pas de trop pour encaisser les coups et pour répliquer. Au-delà de la remise en cause totale de la gouvernance Macron, les oppositions ont déjà marqué quelques points, en bloquant le débat sur la réforme constitutionnelle, une façon de perturber le plan de marche du chef de l’Etat. Reste à savoir si, au cœur des vacances, l’opinion publique va se passionner pour un débat qui sera forcément technique. Le dépôt de deux motions de censure risque d’apparaître contre-productif, même si la gauche et la droite entendent montrer leur différence. Ce qui, ipso facto, rappelle leur faiblesse sur les bancs de l’Assemblée. La majorité, sans doute ragaillardie par les propos du chef de l’Etat, aura beau jeu de dénoncer une stratégie d’obstruction systématique. Mais cette séquence laissera des traces. Un an après son élection, Emmanuel Macron ne peut plus se prévaloir d’une singularité, celle d’être à l’abri des scandales. Certes, il y a eu pire sous la Ve République. Mais le cas Benalla fera tache encore longtemps. Ses adversaires comptent bien le mettre à toutes les sauces. Ainsi va le combat politique.