Coup pour coup – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ce ne sont, dit de manière très diplomatique, pas des sanctions. Juste un rééquilibrage qui permettra de contrebalancer le déficit induit par les taxes américaines sur l’acier et l’aluminium. Ouf, c’est dit ! Presque une nécessité vitale pourtant, quasiment l’affirmation d’un instinct de survie, pour une Europe qui sera très sévèrement impactée par cette nouvelle décision extrême de Donald Trump. En tout cas, ça ressemble bien à une guerre. Commerciale, certes, mais tout de même. Violente et sans pitié.
Aux décisions américaines répondent celles de l’Europe. Un prêté pour un rendu. Mais pas sûr, même si on nous affirme que les mesures de rétorsion de notre côté de l’Atlantique pèseront – vraiment – sur l’économie de l’Oncle Sam, que Donald Trump tremble à l’idée de voir taxer ses jean’s, son bourbon, son beurre de cacahuète ou encore ses Harley-Davidson.
Il le sait. Et il le montre. En annonçant hier que, désormais, les véhicules européens pourraient à leur tour se voir taxer à hauteur de 20 % à leur arrivée aux Etats-Unis, il frappe là ou ça fait mal, particulièrement chez nos voisins allemands, dont les constructeurs caracolent en tête des ventes partout dans le monde. Entre du beurre de cacahuète et des automobiles, on devine très vite qui pourrait sortir perdant d’une surenchère.
Comme d’habitude, on subodore que les relations s’apaiseront assez vite. Trump aime taper fort, c’est un peu sa manière d’engager les négociations. Marquer les esprits, chez les Américains d’abord. Tout, ou presque, dans le symbole, dans l’art de communiquer. En matière de popularité, au moins là-bas, cela s’avère payant. Et même, quelque part, face à ses alliés européens, qui en sont réduits le plus souvent à réagir plutôt qu’à agir face à lui. Toujours un coup d’avance, quitte à faire ensuite un pas en arrière.