Épuisement – L’édito de Patrice Chabanet
Ça ne chôme pas à l’Assemblée. La fatigue et la grogne s’installent. A entendre certains, le Palais-Bourbon est devenu une cocotte-minute dont la pression ne cesse de monter. Trop de textes à étudier, des horaires déments. Un rythme effréné, comme dans une entreprise à flux tendus. Le burn-out guette. Même le président de l’Assemblée, François de Rugy, y va de sa protestation, de manière feutrée certes, mais sans ambiguïté. « Le gouvernement doit mettre de l’ordre dans …l’ordre du jour », a-t-il dit. Il est clair que l’agenda ressemble à une montagne russe, avec des périodes de basses-eaux et d’autres chargées de projets de loi de grande ampleur. Une mauvaise gestion des files d’attente, expliqueraient les spécialistes en logistique.
Honnêtement, la mini fronde des députés ne fera pas pleurer dans les chaumières. L’antiparlementarisme ambiant est encore bien vivace. L’attitude de nombreux élus en faveur du cumul des mandats rend inaudibles les récriminations d’aujourd’hui. Et puis, il y a les déclarations contre-productives d’un François Ruffin affirmant qu’à l’Assemblée, « on s’ennuie ». Visiblement, ce n’est pas le cas de la majorité de ses collègues.
Il est clair aussi que l’exécutif entend réformer le pays au pas de charge. Mis à part l’énorme parti majoritaire, toutes les autres formations n’ont pas les troupes nécessaires pour suivre. Le travail du député ne se limite pas en effet aux débats en séance plénière. Il passe aussi par les réunions de commissions, la partie la moins visible, mais pas la moins importante, de la fabrication des lois. De là à accuser le gouvernement à épuiser le Parlement, il y a sans doute une part de vérité. Il y trouve prétexte face à l’avalanche d’amendements qui accompagne tous les projets de loi. La réforme constitutionnelle, portant entre autres sur la réduction du nombre des parlementaires, devrait être l’occasion de moderniser le fonctionnement des deux assemblées. D’amples débats et de… l’épuisement en perspective.