Changement de nom – L’édito de Patrice Chabanet
Désormais, il ne faudra plus dire Front national, mais Rassemblement national. Et il ne faudra plus appeler Marion Maréchal Le Pen la petite-fille du fondateur du FN, mais simplement Marion Maréchal. Quelles que soient les raisons profondes de ces modifications, elles s’inspirent directement du marketing politique. En l’occurrence, il s’agit pour le parti de poursuivre l’oeuvre de dédiabolisation entamée par Marine Le Pen, et pour Marion Maréchal d’effacer un patronyme dur à porter quand on veut s’engager dans la vie professionnelle. A dire vrai, les modifications de dénomination sont devenues traditionnelles en France. Prenons le cas des Républicains dont le parti s’est appelé successivement UNR, UDR, RPR et UMP. A gauche, le PS est l’héritier de la SFIO. On est loin de l’exemple américain avec ses Républicains et ses Démocrates ou de l’Allemagne avec son SPD et sa CDU. Aux Etats-Unis, comme outre-Rhin, les noms restent même si les programmes et les stratégies changent au fil du temps.
En France, visiblement, les partis politiques ont la conviction qu’il faut relancer l’intérêt des électeurs avec une nouvelle appellation, marqueur de nouvelles idées réelles ou supposées. Si, après la débandade de 2017, le PS veut amorcer sa convalescence, il sera sans doute contraint de changer de nom. L’actuel renvoie trop à une défaite historique. Le Parti communiste français en sait quelque chose, à la différence de ses homologues européens qui, eux, ont préféré couper les ponts avec tout ce qui rappelait l’URSS et son effondrement sans gloire.
Reste à savoir si un nouveau nom suffit pour élargir son électorat. Une histoire ne s’efface pas facilement. Les adversaires politiques ne manquent jamais de vous le rappeler. Demeurent toujours des tendances lourdes. Avec cette éternelle question : comment évoluer, comment s’adapter sans se renier ou se confondre avec des formations voisines ?