Sordidement banal – L’édito de Patrice Chabanet
Il faut s’y résoudre : le terrorisme islamiste fait désormais partie de notre quotidien. L’attentat de Liège ne fait que s’ajouter à une liste déjà longue. Le mode opératoire nous est devenu familier : un individu noyé dans la foule surgit, frappe et tue. Deux policières ont perdu la vie, victimes d’un assaut lâche, poignardées dans le dos avant d’être achevées avec leurs propres armes. Même lâcheté à l’égard d’un jeune homme qui avait eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Il a été exécuté dans sa voiture. Hier soir, Daech n’avait pas encore revendiqué le triple assassinat. Mais l’auteur avait été repéré en prison pour sa radicalisation et, après son forfait commis, il s’est lancé contre les policiers dans le plus pur style du djihadiste qui veut mourir en martyr. La bravoure du lâche.
Nos démocraties n’ont pas trouvé la solution pour extirper un mal qui risque de ronger nos sociétés pendant de longues années. A la lumière de ce qui s’est passé à Liège, il paraît de plus en plus évident que la prison est devenue une machine à radicalisation. Tôt ou tard, l’Etat, et pas seulement en France, devra observer avec vigilance comment sont organisées les pratiques religieuses. On sait très bien que certains détenus sont tabassés parce qu’ils ne pratiquent pas les cinq prières. Or, sauf preuve du contraire, les prisons françaises n’échappent pas aux lois qui régissent la laïcité. Le procureur François Molins a d’ailleurs comparé le milieu carcéral à un « incubateur des radicalisations et du terrorisme ». D’où sa mise en garde contre la libération d’une quarantaine de détenus devenus plus dangereux qu’avant leur incarcération. En d’autres termes, la sanction pénale ne suffit pas à faire reculer le terrorisme islamiste. Le corps du délit se trouve dans des cerveaux devenus des éponges aux idées moyenâgeuses. La déradicalisation a montré ses limites. Les plus atteints paraissent irrécupérables. Un peu à la manière des nazis les plus convaincus qui sont restés imperméables aux campagnes de dénazification. Mais eux au moins, s’ils n’ont pas changé d’idées, se sont fondus dans la masse et n’ont plus touché d’armes.