Une histoire de fous – L’édito de Patrice Chabanet
Avec ces deux-là, le spectacle est assuré. Donald Trump et Kim Jong-Un enchaînent les retournements de situation. Menaces de guerre un jour, rapprochement spectaculaire un autre. Hier, nouveau coup de froid. Le président américain annonce l’annulation du sommet de Singapour en raison de « l’hostilité » affichée par le régime nord-coréen. On sentait bien remonter, depuis quelques jours, les ingrédients du contentieux entre les deux pays. Du coup, les vannes de la guerre des mots se sont rouvertes et toutes les promesses de paix ont été balayées. En fait qui avait cru, un seul moment, à cette histoire de fous, avec deux dirigeants aussi imprévisibles que fantasques ? Quasiment personne. La communauté internationale avait fait semblant d’y croire, tout en s’interrogeant sur la faisabilité du sommet. Trump a eu sans doute le sentiment – tardif mais justifié – que le dictateur nord-coréen n’avait pas l’intention de se dessaisir de son arsenal nucléaire. En clair, le hâbleur de Washington était en train de se faire rouler dans la farine par plus petit que lui. Il fallait y penser avant. En terme d’image, l’annulation de la rencontre sera forcément interprétée comme un échec américain.
C’est donc reparti pour un tour. Le locataire de la Maison-Blanche a déjà rappelé à son homologue nord-coréen que les capacités nucléaires américaines étaient « massives ». Son vice-président Mike Pence avait averti, lundi, que Kim Jong-Un pourrait finir comme Kadhafi. Aucune illusion à se faire : le leader nord-coréen reprendra ses menaces contre les Etats-Unis et ses alliés asiatiques. Bref, retour au statu quo ante. Pour le moment, les deux pays jouent à se faire peur. Mais ces postures, incarnées par un duo inquiétant, font grimper les risques de guerre. L’affrontement dépasse largement le désaccord politique. On en vient à se demander s’il n’est pas imputable à des excès de testostérone qui interdisent tout compromis. Seule compte la volonté de l’emporter sur l’autre.