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La fête et le sang – L’édito de Patrice Chabanet

Il y avait forcément quelque chose de choquant, de nauséeux même, dans le télescopage de ces deux images. D’un côté, l’inauguration en grande pompe de l’ambassade américaine à Jérusalem, avec un Netanyahu, plastronnant et triomphant. De l’autre, les manifestants palestiniens durement réprimés par l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Plus de 50 civils y ont laissé la vie, et des centaines d’autres ont été blessés. Que le Hamas ait provoqué Israël en poussant des centaines de Palestiniens à revenir sur la terre de leurs ancêtres, devenue l’Etat hébreu, est indiscutable. A l’évidence, la riposte a été disproportionnée. Ce n’est plus la loi du talion, mais une démonstration de force dont on comprend mal les motivations tant les répercussions risquent d’être contre-productives. Dans un premier temps, elle risque d’éloigner, une fois de plus, tout règlement du conflit israélo-palestinien. Plus insidieusement, elle va donner une nouvelle vigueur à l’antisémitisme, et pas seulement islamiste, que l’on sent monter à travers le monde.

Netanyahu se sent pousser des ailes depuis que Trump coche les cases de ses projets diplomatiques : installation de l’ambassade américaine à Jérusalem, et fin de l’accord sur le nucléaire iranien. Mais ce faisant, il fait prendre un risque majeur à son pays. Il se retrouve de facto dans le même camp que l’Arabie saoudite, grand allié des Etats-Unis et ennemi déclaré des chiites iraniens. Or, faut-il le rappeler, le wahhabisme saoudien est le grand pourvoyeur idéologique du terrorisme islamiste, viscéralement antisémite. Dans ce méli-mélo proche-oriental, l’Israël de Netanyahu tente de tirer son épingle du jeu. La fracture du camp musulman lui en donne la possibilité. Il peut taper très fort sur le Hamas, une organisation pas vraiment recommandable sur le plan démocratique, c’est vrai. Mais l’espoir d’une paix véritable reste une utopie. Israël semble condamné à ne connaître que l’état de guerre. Pour longtemps encore.

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