Bêtise humaine – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il paraît qu’on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui. Sûrement. Mais tout est question de limites. Et quand bien même on s’autoriserait à flirter avec la ligne blanche, encore faut-il que la blague reste… drôle, même enrobée d’une bonne dose de mauvais goût.
Kelly Sadler, membre de l’équipe de communication du président Trump – aux Etats-Unis donc – aurait mieux fait de s’abstenir. Car elle n’a été ni drôle, ni respectueuse, encore moins intelligente, en affirmant que l’opposition du sénateur John McCain à la nomination de Gina Haspel à la direction de la CIA importait peu, finalement. Atteint d’un cancer, «il est mourant de toute façon». Classe. Pour le coup, selon les échos rapportés par l’entourage de la comique de service, la blagounette, sans doute lancée avec un léger sourire plein d’autosatisfaction, est tombée à l’eau.
On devine que dans l’intimité des bureaux ministériels, là-bas ou ailleurs, y compris en France, les petites phrases peuvent être acerbes envers un opposant, voire un membre de sa propre équipe. Ne soyons pas dupes. La politique, comme bien d’autres milieux, est un monde impitoyable. Reste que précisément, à Washington, et même si ces propos précis n’ont pas été prononcés par Donald Trump lui-même, l’habitude – fâcheuse – est depuis quelques mois aux phrases outrancières, teintées évidemment d’un manque total de respect à l’adresse de tout ce que l’on méprise. C’est-à-dire, pour résumer, tous ceux qui ne sont pas de l’avis du Président. Symptomatique et pas étonnant, si on y réfléchit bien.
Et aussi choquant, au final, dans un registre totalement différent, que le «Oui, vous allez mourir, certainement un jour, comme tout le monde», adressé en France par une opératrice du Samu à une jeune femme qui, en l’occurrence, était en train de mourir. Finalement… on ne doit pas rire de tout…