Noir, c’est noir – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ils sont venus, ils ont vu et… ils étaient perdus. On ne sait plus si on doit les appeler clients, usagers, victimes parfois ou même patients, tant le casse-tête hier a dû leur donner des sueurs froides, voire des maux de tête qui auraient largement nécessité la prise massive de décontractants ou d’aspirine à forte dose.
C’était annoncé noir, ce fut encore plus noir que noir. Sombre journée pour ceux qui souhaitaient se rendre à leur travail, chercher un emploi ou faire un peu de tourisme.
Les clients – appelons-les comme cela – avaient déjà l’habitude qu’on mette leurs méninges – et leurs nerfs – à rude épreuve, entre trains annulés comme par magie, si l’on peut dire, retards réguliers ou pannes à répétition. Hier, au moins, ils étaient prévenus… Maigre consolation… et ça risque de devenir le train-train quotidien, avec cette grève fragmentée.
Reste qu’une fois encore, ce sont les mêmes qui ont été pris en otages. Heureusement, ou malheureusement, ils commencent à en avoir l’habitude. Peu importe, d’ailleurs, que ces millions de voyageurs restés à quai hier aillent dans le sens des grévistes ou adhèrent aux plans du gouvernement. Entre résignation consentante ou colère à peine contenue, ils ont été les acteurs bien malgré eux d’une grève qui n’était que la première d’une nouvelle forme de mouvement social : celui, planifié qui, il a au moins cet avantage, ne joue pas sur l’effet de surprise mais vise à mettre la pression. On ne cherche plus la démonstration de force, celle qui impressionne l’adversaire, mais plutôt la victoire par l’usure. Aux points plutôt que par KO.
Sauf que depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron a pas mal encaissé sans toutefois faire beaucoup de concessions. D’où la question : qui finira par user l’autre… ?