Sortir la calculette – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ce n’est certes pas une révolution, puisque la grande majorité des enfants connaît aujourd’hui très tôt les joies de la maternelle. C’est en revanche le constat que notre système scolaire voit certains élèves de 6e très peu à l’aise avec la lecture ou l’orthographe notamment et, en conséquence, l’affirmation d’une volonté de le tirer vers le haut. L’abaissement de 6 à 3 ans de l’école obligatoire n’est donc pas anecdotique. Ce n’est pas qu’un symbole.
C’est aussi marquer les esprits des parents et mieux préparer les enfants, à la fois aux apprentissages – d’abord en s’amusant, puis en travaillant – et à la vie sociale. Abaisser l’âge de 6 à 3 ans – et l’inscrire dans la loi -, c’est ne pas attendre le CP pour installer les élèves dans l’acquisition des fondamentaux, mais les faire entrer de plain-pied dans ce qui les attendra quelques années plus tard, même si c’est au départ uniquement ludique.
Dans les faits, Emmanuel Macron veut ancrer l’idée que la maternelle n’a rien d’une garderie, mais qu’elle est, déjà, le lieu où l’on apprend. Que les premiers pas à l’école sont aussi les premiers vers la connaissance. De façon plus officielle, pourrait-on dire. La mesure prendra effet dès la rentrée 2019. On ne peut que s’en réjouir.
Evidemment, toute annonce de ce type doit s’accompagner des moyens qui vont avec. L’idée ne pourra installer durablement les enfants sur la meilleure des voies que si elle ne fait pas l’économie d’un accompagnement adapté et bien pensé. Autrement dit, si elle met en face de cet abaissement de l’âge les effectifs qui vont avec. Petit espoir : le chef de l’Etat a annoncé la création d’environ 800 postes. Suffisant ? Il va falloir sortir la calculette. Dès la maternelle.