C’est le printemps – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le mouvement social d’hier avait valeur de test. Pour le gouvernement, bien sûr, qui n’avait jusqu’alors eu à essuyer que quelques tirs sporadiques mais se retrouvait ce jeudi à affronter notamment la colère des fonctionnaires et des agents de la SNCF. Du lourd. La raison du semi-échec des mouvements passés ? Sans doute le rythme d’enfer qu’impose Emmanuel Macron. Les réformes s’enchaînent, sans forcément laisser le temps aux adversaires de fourbir leurs armes. Une grogne se fait jour, on est déjà focalisé sur le sujet suivant. Le chef de l’Etat a donc sûrement observé hier le nombre des manifestants avec une extrême attention.
Tout comme les syndicats, qui attendaient beaucoup de ces rassemblements. Le président de la République a réussi depuis un an à les distancer et à mettre en place ce qu’il avait annoncé pendant sa campagne. Même le plus contestable, du point de vue des représentants des travailleurs. Toujours cette longueur d’avance et ce rythme effréné…
Mais rien n’est jamais définitif. Un quinquennat, finalement, c’est long. Humeurs à la SNCF, épuisement à l’hôpital, corde raide dans les écoles… tout était réuni hier pour que le mouvement se transforme en date clé de la contestation. En acte fondateur, presque.
Symboliquement, la démonstration est réussie. Les manifestants ont marqué le coup, pourrait-on dire. Reste à savoir si, désormais, Emmanuel Macron continuera à avancer à la même vitesse ou s’il tiendra compte, d’une manière ou d’une autre, du message passé. Il a mis en place, depuis le début de son mandat, un dialogue régulier avec les acteurs concernés. Ça pourrait ne pas suffire. Ces mêmes acteurs dénoncent de simples concertations quand ils souhaiteraient une véritable négociation. Les syndicats parlaient dès le départ du cortège d’un nouveau printemps social, 50 ans après mai 68. Le gouvernement, lui, espère un printemps ensoleillé. Mais pas brûlant.