Le plus dur commence – L’édito de Christophe Bonnefoy
On se demande bien comment Stéphane Le Foll a pu penser un seul instant qu’il pouvait incarner l’avenir du Parti socialiste. Trop rigide en apparence, sans doute, pour espérer charmer les militants. Et surtout trop emblématique du dernier quinquennat, trop porteur des symboles qui ont mené François Hollande droit dans le mur.
L’ancien ministre de l’Agriculture ne pouvait par conséquent pas espérer devenir premier secrétaire du moribond PS. Et donc encore moins poser les fondations d’une reconstruction. C’est le très consensuel Olivier Faure qui rafle la mise.
Mais c’est justement ce mot – consensuel – qui pose question. A l’instar des Républicains, le Parti socialiste a, lui aussi, été victime du rouleau compresseur Emmanuel Macron. Dès lors, il est difficilement imaginable pour des partis en déroute de renaître de leurs cendres en n’adoptant pas des positions fortes. C’est vrai aussi, forcément, pour des socialistes qui ne savent plus très bien s’ils doivent rebâtir sur leurs fondamentaux ou calquer leur discours sur La République en marche par exemple, qui a préféré rouler un peu à droite, un peu au centre, un peu à gauche pour ratisser large.
La tâche d’Olivier Faure est titanesque, tout comme l’est celle de Laurent Wauquiez à droite. Le nouvel homme fort du PS veut changer le parti «du sol au plafond». C’est sûrement nécessaire. Encore reste-t-il à définir exactement ce qu’il proposera pour y parvenir. Et quand bien même il arriverait à rassembler au sein des différents courants du PS, il lui faudrait ensuite voir plus loin… et convaincre les électeurs qui, eux, s’ils se sont un jour laissé tenter par le socialisme, sont passés à une autre forme de gauche, moins clairement marquée… à gauche, mais plus pragmatique. La victoire était prévisible pour Olivier Faure. Le plus dur commence maintenant pour lui.