Liquidator – L’édito de Patrice Chabanet
Avec Donald Trump, on ne fait plus de distinguo entre télé-réalité et réalité tout court. Dans l’émission où il faisait passer des entretiens d’embauche, sa phrase favorite était : « You’re fired » (Vous êtes viré). A la Maison-Blanche, il a modernisé le système. Il vire par tweet interposé. Son dernier trophée : Rex Tillerson, secrétaire d’Etat, l’équivalent de notre ministre des Affaires étrangères. Depuis son élection, le président américain a fait tomber une cinquantaine de têtes dans son entourage. Ce management brutal a au moins un mérite. Il lève toute ambiguïté sur les intentions de Donald Trump : donner sa pleine puissance au concept America first. Concrètement, cela passe par une remise en cause de l’accord sur le nucléaire iranien ou, comme on vient de le voir, par des mesures protectionnistes. Qu’un faucon avéré, Mike Pompeo, patron de la CIA, ait été désigné pour remplacer Rex Tillerson donne la tonalité de ce que sera la diplomatie américaine dans les prochains mois. Assurément, elle sera plus musclée. Ceux qui en doutaient encore en seront pour leurs frais. La préparation de la rencontre Trump-Kim Jong-un, sera significative à cet égard. Face à un leader nord-coréen qui a peut-être imaginé avoir fait plier un peu la première puissance mondiale, le président américain, doté d’une équipe homogène « dont il a rêvé » , ne fera aucun cadeau.
Le durcissement de la politique américaine que l’on sent venir au grand galop ne concerne pas seulement l’Iran et le commerce international. Il touche la planète entière. Il prend à revers tous les défenseurs du populisme et du trumpisme qui se manifestent en Europe. Si sur le plan diplomatique ou économique, il y a conflit d’intérêts entre les Etats-Unis et l’Allemagne ou la France ou l’Italie, l’Amérique tranchera dans le vif en sa faveur. Sans état d’âme. Pour une simple raison : les nationalismes ne sont pas compatibles entre eux. C’est dans leur nature et leur raison d’être.