Un travail d’ampleur – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est notamment à la profusion de journées dédiées, que l’on peut juger de nos manques en bien des sujets de société. Faut-il vraiment qu’on ait trop longtemps préféré ignorer les problèmes de fond, pour qu’il faille chaque année, peut-être se donner bonne conscience, à une date précise, un peu comme pour s’excuser d’avoir fui nos responsabilités. Journée de… Journée anti… Journée en faveur des… on aurait presque de quoi remplir les 52 semaines de l’année à coups de bonnes actions qui, pourtant, sont censées naturellement jalonner notre quotidien.
La Journée internationale des droits des femmes, par exemple. Elle ne devrait même pas exister. Evidemment pas parce que la gent masculine l’aurait ainsi décidé, submergée par un machisme qui, certes, n’a pas totalement disparu. Mais tout simplement parce qu’il est évident aujourd’hui qu’on ne devrait même pas avoir à se poser la question de l’égalité hommes-femmes. Et pourtant, quelque part – et malheureusement pourrait-on dire -, ce 8 mars est nécessaire. Sur le seul problème des salaires et à compétences égales, les disparités sont énormes. Une femme, en moyenne, gagnerait ainsi 9 % de moins qu’un homme. Il se trouvera toujours des théoriciens pour justifier cet écart. Mais jusqu’à preuve du contraire, toute peine mérite salaire… et à même peine, même salaire.
En l’occurrence, la cinquantaine de propositions du gouvernement en faveur de cette égalité hommes-femmes va dans le bon sens. Mais il est triste d’être obligé d’en arriver à brandir la menace de sanctions financières pour les entreprises qui ne respecteraient pas les règles, quand tout naturellement le bon sens aurait dû depuis bien longtemps remiser aux oubliettes ce genre d’inégalités.
La Journée internationale des droits des femmes “fêtait” hier sa 41e édition. Ce seul chiffre laisse deviner l’ampleur du travail qui reste à réaliser.