Nouveau round – L’édito de Christophe Bonnefoy
Après l’évacuation en force des occupants du Bois Lejuc il y a quelques jours, il était couru d’avance qu’une simple expulsion n’allait pas clore le dossier. Le futur laboratoire devient subitement, semble-t-il, un sujet à ne pas prendre à la légère du côté de l’Elysée. On a d’abord pu penser, quand les zadistes focalisaient leur attention sur Notre-Dame-des-Landes, que Bure n’allait rester qu’un mini-foyer de contestation.
Seulement, les 500 gendarmes dépêchés sur place le 22 février montrent à quel point le gouvernement craint un pourrissement de la situation et le déplacement d’une colère durable, de la façade atlantique vers ce petit coin de France entre Meuse et Haute-Marne.
Et sur ce point, il n’a peut-être pas tort. La manifestation anti-labo programmée hier avait été interdite, en droite ligne du discours de fermeté adopté par les autorités. Les opposants se sont tout de même risqués à venir affronter les forces de l’ordre.
Reste, néanmoins, à définir exactement le terme d’opposant, concernant les 200 à 300 personnes présentes ce samedi. On peut imaginer, d’un côté, que le mouvement de rejet du projet est le fait des riverains, ou plus largement des habitants de la région. On peut aussi tout à fait penser que la manif de ce week-end et les échauffourées qui ont jalonné son parcours sont le fruit d’irréductibles – pas forcément Meusiens ou Haut-Marnais – qui ne savent faire passer les messages qu’à travers le jet de pavés, quel que soit le lieu, quel que soit le projet, ici ou ailleurs.
Désormais, toute la question est de savoir si cette contestation est amenée à s’éteindre doucement ou à s’amplifier. L’imposant déploiement de gendarmes ces derniers jours peut tout à la fois décourager les anti-Bure… comme il peut au contraire les encourager, d’une certaine façon, à venir défier les forces de l’ordre. C’est quitte ou double.