Coup de froid – L’édito de Patrice Chabanet
Un froid vif et la neige fin février : il n’en fallait pas plus pour perturber les esprits. Une aubaine pour les climatosceptiques toujours prêts à démontrer que le dérèglement climatique est une vue de l’esprit. Or la Nasa, qui ne passe pas pour un groupuscule de farfelus, a bien démontré, chiffres à l’appui, que depuis le début de ce siècle la planète avait connu des records de chaleur en 2005, 2010, 2014, 2015 et 2016. Mais le réchauffement de la Terre ne veut pas dire pour autant la disparition des hivers…Pour l’avoir cru, nos sociétés tombent des nues quand apparaissent gelées et flocons de neige, surtout quand ce sont des régions plus habituées au soleil qui sont touchées. Rendez-vous compte : l’Hérault placé en alerte rouge et 57 départements en alerte orange !
Les saisons sont bousculées ou décalées, mais elles conservent leur singularité. On va s’en apercevoir encore aujourd’hui, avec un trafic routier, et parfois ferroviaire, perturbé, avec des fermetures d’écoles, avec les mêmes récriminations (manque d’informations, pas assez d’engins de déblaiement ou de salage, organisation des services spécialisés défaillante etc.). Dérèglement climatique ou non, la Nature nous impose toujours sa loi. Il faut savoir l’apprivoiser. Or, parfois, l’économie veut l’ignorer, avec des chaînes logistiques qui se rompent dès les premiers verglas. Les entreprises qui fonctionnent selon le mode du juste-à-temps sont alors lourdement pénalisées.
Plus important encore, car il s’agit là de survie : les vagues de froid nous révèlent, dans un rituel cruel, que des milliers de personnes vivent dans un dénuement absolu. D’année en année, les secours, les hébergements provisoires et les maraudes sont de mieux en mieux organisés. Mais, avec l’arrivée du printemps, la mauvaise conscience collective aura fondu. Jusqu’à l’hiver prochain.