Désastre annoncé – L’édito de Patrice Chabanet
Rien ne sera donc épargné au peuple afghan. Les attentats ont repris avec une vigueur effrayante. Le bilan est lourd : 120 morts et des centaines de blessés en une seule semaine. Tout se passe comme si les talibans et Daech s’étaient lancés dans une compétition macabre pour asseoir leur leadership. D’après les spécialistes, la moitié du pays échapperait aux autorités pro-occidentales de Kaboul. Sans la présence des Américains – et surtout de leur aviation – le pouvoir central serait déjà balayé. La fraude électorale et la corruption lui ont enlevé toute crédibilité et toute chance de survie à moyen et long termes. L’heure n’est pas encore au bilan, mais l’impression générale qui se dégage est celle d’un régime moribond. Certes, en 2001, l’intervention occidentale était parfaitement justifiée pour châtier durement les talibans à l’origine du 11-Septembre. Les Etats-Unis, en particulier, ont mis le paquet et…la main à la poche : près de 850 milliards de dollars pour financer leur effort de guerre. Tout ça pour ça…L’Afghanistan reste incontrôlable.
Le guêpier afghan a cette particularité qu’aucune solution satisfaisante ne s’impose. Renforcer l’aide militaire ? Les opinions publiques occidentales ne le comprendraient pas après une décennie d’échecs. Abandonner complètement la population afghane à la folie moyenâgeuse des intégristes musulmans ? Ce serait indigne de la part de démocraties toujours promptes à évoquer les droits de l’Homme. Ce serait aussi tout bonnement dangereux, car l’Afghanistan redeviendrait un camp d’entraînement pour le terrorisme international. On le voit, pas de schéma idéal pour empêcher un désastre annoncé. N’oublions pas non plus qu’une partie de la solution se trouve au Pakistan dont la partie occidentale sert de base arrière à al-Qaïda. L’allié officiel des Etats-Unis a toujours joué un jeu trouble dans cette région du monde. En toute impunité.