Au porte-monnaie – L’édito de Christophe Bonnefoy
Fumer tue. Mais c’est légal. L’inhalation de cannabis pourrait, elle, sérieusement rendre fébriles les porte-monnaie des consommateurs. Car c’est illégal. Les “pro” et les “anti” s’écharpent depuis des années sur la possible dépénalisation, voire la légalisation, d’une substance que certains vantent pour ses vertus apaisantes, quand d’autres la dénoncent pour sa dangerosité. Les premiers l’inscriraient quasiment sur la liste des médicaments remboursés – on exagère à peine -. Les seconds, eux, la considèrent pour ce qu’elle est : une drogue.
Hier, ce n’est pourtant pas ce débat que le gouvernement a tranché. Il aura sans doute lieu sérieusement, un jour… mais pas maintenant. Gérard Collomb a tout bonnement choisi, sans écarter la possibilité de suites pénales selon les cas, de frapper directement au porte-monnaie et de faire payer le consommateur. Appelons-le contrevenant, pour le coup. Officiellement, l’idée est d’alléger la tâche de ceux qui font appliquer la législation. On ne compte plus les heures de procédure qui ne mènent bien souvent qu’à un simple rappel à la loi. Ça se tient. Officieusement, certains pointent déjà la possibilité de remplir les caisses à coup sûr. Il se murmure que pour être rentable – dissuasive, pardon… -, l’amende pourrait se monter à 150 ou 200 euros. Alors qu’on évalue le nombre quotidien de fumeurs de cannabis dans notre pays à environ 700 000, là aussi, l’hypothèse se tient.
Au final, ce sont pourtant les mentalités qui sont à changer. La prévention, avant la répression. Quasiment un ado sur deux a déjà consommé du cannabis. Plus inquiétant encore, si la cigarette est à juste titre associée à la mort par les jeunes dans une étude on ne peut plus sérieuse, l’herbe est plutôt assimilée à «un produit bio». Affolant.