Dans l’excès – L’édito de Christophe Bonnefoy
Catherine Deneuve vit, d’une certaine manière, sur une autre planète. Et pas seulement parce qu’elle est une star. Hors des réalités ? Hors-jeu ? Elle n’en est pas loin. A travers une tribune, elle et des dizaines d’autres femmes ont en tout cas attisé le feu qui embrase le microcosme hollywoodien depuis les révélations de ce qu’il convient aujourd’hui d’appeler l’affaire Weinstein. Révélations qui ont fait tache d’huile, jusqu’à libérer la parole des victimes de harcèlement, bien au-delà du simple 7e Art et des seuls Etats-Unis. Mais la glorieuse intervention de cette centaine de femmes ne s’est pas vraiment faite dans le sens attendu.
«Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle». Tout est dit. Enfin presque. Car des mots-mêmes de la secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, qui dénonce cette tribune, le texte met tout de même en avant des réflexions intéressantes. Mais ce sont sans doute les propos les plus polémiques qui retiendront principalement l’attention… notamment des victimes de viol ou d’agression sexuelle. Un comble, alors qu’on aurait plutôt attendu ce genre de réaction de la part de la gent… masculine.
Reste que l’affaire Weinstein, puis cette tribune, obligent à une prise de conscience : l’excès n’est bénéfique, ni dans un sens, ni dans l’autre. Evidemment, les fameuses dénonciations encouragées via Twitter – on se souvient du hashtag #balancetonporc – ne doivent pas offrir la possibilité de dénoncer tout, n’importe quoi et n’importe qui, parfois sans raison, par pure vengeance personnelle. A contrario, il n’est pas non plus question d’ôter la liberté à chacun(e) de disposer de son corps comme bon lui semble. Les cosignataires de cette tribune dénoncent ainsi le retour à un «puritanisme» pur et dur.
Tout est affaire, finalement, de juste équilibre. Dénoncer sans lyncher à tort. Garder sa liberté mais sans la transformer en soumission.