Essai à transformer – L’édito de Patrice Chabanet
Laurent Wauquiez a remporté la première étape de ce qu’il considère comme la reconquête. Son élection à la présidence de LR est nette et sans bavure, comme c’était prévu faute de poids lourds en face de lui. Le taux de participation a frisé le chiffre de 100 000 électeurs, au-delà des pronostics. Le nouveau président des Républicains a donc les mains libres pour dérouler sa stratégie, mais le chantier est immense. Il doit prouver très rapidement que son succès n’est pas une victoire à la Pyrrhus. Sur sa feuille de route, la liste des handicaps est en effet beaucoup plus longue que celle des atouts. Certes, il peut compter sur l’adhésion d’un noyau dur qui a permis son élection. Mais il hérite d’un parti durement secoué à la présidentielle (pas de candidat au second tour) et aux législatives (un sérieux rétrécissement des effectifs). Plus grave encore : le départ des dirigeants qui ont choisi le macronisme ou le sas des Constructifs. Le premier test de Laurent Wauquiez sera l’attitude de ceux qui ont promis de quitter le navire dès son élection. Parviendra-t-il à les dissuader ? Tout dépendra du comportement des juppéistes. Dernier handicap, et pas des moindres, l’impopularité du nouveau président de LR dans l’opinion publique.
Laurent Wauquiez que l’on dit ambitieux et déterminé est certainement conscient de l’ampleur de la tâche. On peut supposer qu’il saura modifier son logiciel pour passer de la conquête d’un parti en difficulté à celle de la majorité des citoyens. En d’autres termes : abandonner la posture du clivant et adopter le profil du rassembleur. L’art de la politique, c’est d’avoir l’échine souple pour atteindre ses objectifs. Encore faut-il ne pas être prisonnier de son image et de sa réputation. Laurent Wauquiez est marqué très à droite, en cousinage idéologique avec l’extrême droite. L’accusation vient précisément d’une partie de la droite qui n’entend pas se placer sous son panache. Ses premiers adversaires sont d’abord là.