Violence aveugle – L’édito de Christophe Bonnefoy
La sauvagerie dont font preuve les terroristes islamistes n’est pas sélective. Et leur pensée n’est même pas structurée, contrairement à ce qu’ils voudraient laisser croire. Leurs actes sont aveugles. Finalement sans aucune distinction de religion ni d’origine, quelle qu’elle soit. Est leur ennemi quiconque n’est pas de leur avis. C’est presque aussi simple que cela.
Ils viennent encore d’en faire la triste preuve, au nord du Sinaï, dans ce qui est l’un des pires carnages qu’ait connus l’Egypte ces dernières années.
Cette fois, ce n’est pas une salle de concert qu’ils ont visée. Pas non plus des dessinateurs, symboles de tout ce qu’ils détestent. Hier, ils ont visé en Egypte une mosquée, à l’heure de la grande prière. Des musulmans. En début de soirée, le bilan était terrible : au moins 235 morts, victimes d’une explosion puis de tirs à vue. Abattus comme des animaux.
Le lieu était fréquenté en majorité par des adeptes du soufisme, un courant de l’islam jugé hérétique par les radicaux. Il était donc une cible idéale pour des terroristes, qui multiplient par ailleurs les attaques depuis la destitution, en 2013, du président islamiste élu Mohamed Morsi.
Il est à craindre que l’Egypte, déjà maintes et maintes fois meurtrie, soit encore et pour un moment visée par l’organisation Etat islamique. A l’heure où on nous annonce, à tort ou à raison, la quasi-disparition de Daesh en Irak ou en Syrie, c’est en d’autres lieux qu’il faut s’attendre à voir frapper la barbarie.
La guerre menée aux terroristes est loin d’être terminée. Chez nous ou ailleurs. On le savait déjà, mais l’attentat perpétré dans le Sinaï nous le rappelle avec force.