Le nouveau héros des agriculteurs
Le nouveau héros des agriculteurs
Jacques Chirac va très vite être remplacé par Emmanuel Macron dans le cœur des agriculteurs. Le premier les avait séduits par son sens du contact et sa main posée sur le cul des vaches. Le second est en train de les conquérir en révolutionnant le rapport de force entre les agriculteurs, les industriels et la grande distribution. Par ordonnance (il faut bien cela pour une agriculture très malade), au premier semestre 2018, le président promet que les agriculteurs fixeront eux-mêmes le prix de leurs produits en prenant en compte leurs coûts de production. Une révolution après des décennies durant lesquels les agriculteurs n’ont fait que subir le diktat des grands groupes industriels et commerciaux.
Emmanuel Macron va là où aucun autre président n’avait osé aller. Depuis des années, il était répété aux agriculteurs que « ce n’est pas possible » ou « il ne vaut mieux diminuer vos coûts de production car il ne faut rien attendre de ce côté-là ». Concrètement, cette décision aurait empêché, l’an dernier, aux éleveurs de Haute-Marne, de vendre leur lait à perte. Pour dégager un peu d’argent, le litre de lait doit sortir de ferme à 35 centimes. En 2016, en moyenne, il était payé 30 centimes. Une situation intenable qui, sans réaction, aurait fait disparaître l’élevage laitier.
Le plus fort dans cette décision est la réaction de Michel-Edouard Leclerc qui a été complètement séduit par le discours d’Emmanuel Macron. Avant, en agitant le drapeau de la peur, il en appelait aux consommateurs qui allaient voir les prix de l’alimentation augmenter de 5 à 15 %. Après, il ne trouve plus de qualificatifs pour expliquer que ce président à tout compris. Pourtant, entre les deux, rien a changé. Peut-être que simplement le grand entrepreneur a compris qu’il ne pouvait pas lutter contre ce président et que la publicité faite à ses magasins serait contre-productive.
Faire plier Michel-Edouard Leclerc est une véritable performance. Mieux encore : ce dernier explique que, pour préserver ses clients d’une hausse des prix, il rognera sur ses marges. Or, il expliquait, depuis des années, qu’il ne se faisait pas de marges sur l’alimentaire.
Vraiment, Emmanuel Macron a des qualités de grands guérisseurs. Bientôt, il ne suffira plus qu’il ouvre ses bras pour que les eaux de la mer Rouge se séparent, qu’il multiplie les pains pour que la faim dans le monde disparaisse et qu’il impose ses mains sur la tête de ses homologues dans le monde pour qu’ils deviennent intelligents.
Evidemment, les agriculteurs doivent être extrêmement vigilants. La route est encore longue avec deux tentations programmées pour les industriels : aller chercher leur matière première ailleurs et moins rémunérer la qualité.
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