Un entre-deux – L’édito de Patrice Chabanet
Un entre-deux – L’édito de Patrice Chabanet
Le président de la Catalogne a marché sur des œufs, hier soir. Il a promis l’indépendance. Il ne l’a pas proclamée. Nuance…Un entre-deux pas très subtil pour se montrer ouvert au dialogue là où ses partisans attendaient sans doute plus de fermeté. Ce faisant, Carles Puigdemont a surtout entretenu l’ambiguïté. Le retour de manivelle n’a pas tardé : le gouvernement espagnol a jugé ses propos « inadmissibles ». Il faut dire que le leader catalan a une conception soviétique du dialogue : négocier à partir d’une position qu’il considère comme acquise, à savoir l’indépendance. La condamnation de Madrid ne sera pas seulement verbale. Elle passera aussi par des actes forts. Cela pourrait être la dissolution du Parlement catalan, avec l’espoir que les unionistes l’emportent sur les séparatistes.
Si l’intervention musclée de la Guardia Civil le jour du référendum a rendu plus sympathiques les indépendantistes, la perspective d’une dégringolade économique en cas de victoire les a desservis. On appelle cela le principe de réalité.
Le gouvernement espagnol peut compter sur l’Union européenne. Certes des voix se font entendre pour restaurer le dialogue entre les deux parties, mais certainement pas pour accompagner la Catalogne sur le chemin de l’indépendance. La raison en est fort simple : l’Union est déjà difficilement gouvernable à 28. On imagine la pétaudière qu’elle deviendrait si dix, quinze ou vingt régions ou provinces demandaient leur indépendance : la Wallonie, l’Ecosse, la Lombardie, la Corse, le Pays basque etc. Sans parler de celles qui se prononceraient pour le rattachement à un Etat voisin, par exemple les Magyars de Transylvanie en Roumanie. Redessiner les frontières est toujours porteur de conflits à terme. Les indépendantistes de Catalogne jouent avec le feu, et pas seulement dans l’espace ibérique.