Désamorçage – L’édito de Christophe Bonnefoy
Désamorçage – L’édito de Christophe Bonnefoy
Notre armée n’est pas appelée la grande muette pour rien. Il faut rarement s’attendre à la voir étaler ses états d’âme en public. Il ne fallait pas davantage imaginer entendre ici et là sifflets et critiques acerbes, hier lors de la visite du Premier ministre et de sa ministre des Armées aux marins de Hyères et Toulon.
L’été avait pourtant mal commencé, avec la fracassante démission du chef d’état-major Pierre de Villiers. La décision de l’exécutif de procéder à des coupes à hauteur de 850 millions d’euros dans les programmes d’équipements avait eu l’heur de considérablement agacer un général, de fait porte-parole de ses soldats.
L’automne, lui, semble en passe de pouvoir apaiser les tensions. Edouard Philippe est venu en ami dans le Var, en souhaitant aboutir à une loi de programmation militaire «ambitieuse, innovante et audacieuse». Au-delà des mots, les intentions se traduisent ainsi en moyens : le budget de la Défense devrait ainsi bénéficier d’une hausse de 1,8 milliard en 2018, 1,7 en 2019, la même chose en 2020, pour connaître la même tendance jusqu’à la fin du quinquennat.
De quoi rassurer un corps d’armée très largement sollicité sur les fronts intérieur et extérieur et en quelque sorte au bord de la crise de nerfs. Non qu’il ait perdu la vocation, mais plutôt, de plus en plus, l’espoir de pouvoir remplir ses missions dans les conditions les meilleures. En ce sens, cette visite ministérielle était autant l’affirmation – ou la réaffirmation – d’une reconnaissance de la valeur des hommes que l’assurance de mettre à leur disposition les moyens matériels pour répondre aux situations les plus extrêmes. Un désamorçage en règle.