C’est signé – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est signé – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les ordonnances seraient-elles finalement le moyen ultime de faire passer des réformes difficiles sans faire de vagues ? Le 49.3, lui – et François Hollande s’en souvient encore – pourrait être assimilé à un passage en force. A l’arme lourde. Avec tout ce que cela comporte comme possible retour de bâton au moment des élections. Les fameuses ordonnances, au contraire, n’auront pas nui à Emmanuel Macron.
La ministre du Travail du précédent gouvernement, Myriam El Khomri, risque de traîner comme un boulet une loi dont les détracteurs parlent encore aujourd’hui. Celle que s’apprête à faire appliquer le président de la République va plus loin que celle de Mme El Khomri. Mais paradoxalement, même si elle va bouleverser la vie dans les entreprises, elle n’aura au bout du compte pas rencontré grande résistance.
La rue n’a pas répondu à l’appel des syndicats. En tout cas pas comme ces derniers l’auraient souhaité. Les oppositions politiques de tout bord n’ont, elles, eu que les yeux pour pleurer et la seule opportunité d’avancer leurs arguments dans le vide, ou presque. Les jeux étaient quasiment faits d’avance. La faute aux fameuses ordonnances, donc ?
Il faut peut-être aller chercher un peu plus loin pour expliquer ce calme relatif face à une réforme «en profondeur de notre marché du travail», selon les termes du chef de l’Etat. Quand tout a été tenté, quand tout a échoué, on peut soit remettre sur la table les mêmes recettes, qui elles aussi aboutiront au même résultat ; soit renverser la table et essayer de nouvelles choses.
Les Français n’aiment pas les réformes ? En tout cas, visiblement, et même si celle qui touche au droit du travail ne les rassure pas forcément, ils ont décidé de faire confiance. D’une certaine manière, ils disent «chiche» à Emmanuel Macron.