Deuxième round – L’édito de Patrice Chabanet
Deuxième round – L’édito de Patrice Chabanet
Plus que les manifestations du 12 septembre, ce sont celles d’aujourd’hui qui vont donner la véritable mesure de la contestation contre la réforme du Code du Travail. La CGT qui pilote le mouvement sait qu’elle ne peut pas gagner par KO face à un pouvoir déterminé. Elle ne peut faire reculer ce dernier qu’aux points, round après round. Sans être un échec, le premier n’avait pas été un succès flamboyant, s’apparentant à une mise en jambe. Il lui faut donc passer à la vitesse supérieure, en clair à une mobilisation plus importante. Car, forcément, le 21 septembre sera comparé au 12 septembre et, accessoirement, aux grandes manifs contre la loi El Khomri. Philippe Martinez peut compter cette fois-ci sur le soutien des « frondeurs » des syndicats réformistes, FO, CFDT et CFE-CGC. Sera-ce suffisant pour relancer la dynamique de la contestation ? On aura la réponse ce soir avec le décompte des manifestants, selon les syndicats et selon la police, pour reprendre la formule consacrée.
Et les Français dans tout ça ? Il semblent perplexes, si l’on en croit différentes enquêtes d’opinion. D’un côté, ils se montrent favorables au mouvement, estimant que la réforme profite d’abord aux entreprises. De l’autre, les deux tiers d’entre eux sont convaincus que la mobilisation est un échec. Lucidité ? Fatalisme ? Résignation ? La CGT et ses alliés peuvent y voir de bonnes raisons d’optimiser leurs revendications. De son côté, le gouvernement, maître du calendrier très serré des ordonnances, peut espérer l’essoufflement du mouvement.
Tout dépendra en fait des actions plus ponctuelles, comme celle des routiers, qui peuvent bloquer le pays en quelques heures. Sans parler du volet politique avec les manifs prévues le 23 par la France insoumise. L’enfer se nichant dans les détails, la contestation de certains décrets d’application par les syndicats réformistes n’est pas sans risque pour l’exécutif. Tous ces éléments pourraient se coaguler. C’est loin d’être une certitude, mais le danger est là.