Nouvelles méthodes – L’édito de Christophe Bonnefoy
Nouvelles méthodes – L’édito de Christophe Bonnefoy
Toujours la même haine. Toujours la même folie meurtrière. Puis toujours la même émotion, les mêmes témoignages, cette même sensation d’avoir déjà vécu, ailleurs, l’horreur. D’avoir croisé, en France, en Belgique, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Espagne, les mêmes regards froids et déterminés. Puis toujours les mêmes hommages, ces mêmes messages de solidarité, cette même détermination face au mal.
Mais après. Après seulement. Comme un constat d’échec. Après que les morts se comptent par dizaines. L’Europe se trouve désœuvrée, à constater qu’elle est, sinon impuissante à parer les attaques, en tout cas faillible. Les assaillants ne sont plus systématiquement des soldats affirmés et revendiqués mais, parfois, de simples quidams passés maîtres dans l’art de ne pas éveiller le soupçon. Sans casier, sans passé judiciaire.
Les méthodes changent. Moins d’opérations d’envergure, beaucoup plus d’actes faciles à mettre en œuvre – même si en Espagne, l’enquête semble montrer que les terroristes avaient de prévu de frapper encore plus fort après Barcelone et Cambrils. Alors qu’en 2001, al Qaïda avait préparé pendant des mois l’attaque du Word Trade Center, les adeptes de Daesh se munissent aujourd’hui bêtement d’un couteau ou se mettent tout aussi simplement au volant d’une voiture, du jour au lendemain.
Des dizaines d’attentats ont sans doute été évités par les autorités. Difficile de le savoir précisément, mais on peut le supposer. Toute la question est pourtant de ne plus avoir un coup de retard sur le terrorisme. Ce ne sont plus forcément des cellules qu’il faut apprendre à identifier pour ensuite les réduire à néant. Mais des individus insoupçonnables qu’il faudrait savoir repérer. Ce qui tient quasiment des arts divinatoires et oblige, évidemment, comme l’adversaire, à imaginer de nouvelles méthodes. Loin d’être évident, même si c’est ce qui est attendu par les potentielles victimes. Nous tous en fait.