Parcours de sang – L’édito de Patrice Chabanet
Parcours de sang – L’édito de Patrice Chabanet
Cela s’arrêtera-t-il un jour ? Mieux vaut le dire sans ambages : pas avant longtemps. L’attentat de Barcelone s’inscrit dans une longue série dont le rythme ne fait que s’accélérer. C’est un terrorisme low-cost mais qui fait terriblement mal. On l’a vu à Nice, à Berlin, à Londres et, hier, en Espagne. Treize morts et une cinquantaine de blessés. Un camion ou une camionnette, avec un chauffeur-assassin déterminé, suffisent à semer la mort dans un parcours de sang à travers toute l’Europe. L’attentat d’hier a été revendiqué par Daesh quelques heures après. Mais il était déjà signé dans son mode opératoire. Les islamistes n’aiment pas nos démocraties et notre modèle de société. Ils détestent la joie de vivre perçue comme une dégénérescence de mécréants. A Nice, c’étaient les festivités du 14 juillet qui étaient visées. A Berlin, le marché de Noël. A Barcelone, le tourisme estival. A sa manière, le djihadisme réunit dans la douleur une Europe qui s’est bâtie sur la tolérance, et le rejet de l’obscurantisme.
En grande difficulté sur le terrain, l’Etat islamique n’est pas pour autant à court d’imagination. Il s’adapte. Les services de sécurité des pays européens entravent ses capacités à mener de grandes opérations comme le Bataclan. Alors, il passe par les loups dits solitaires qui n’ont de solitaires que le nom car ils disposent toujours d’une logistique minimale. Leur détection est plus difficile. Ils ne sont pas toujours fichés, ce qui leur permet de passer sous les radars. Et l’effet est garanti : les attentats maintiennent un climat d’insécurité permanent et alimentent de solides polémiques quant à la façon de mener la lutte antiterroriste. On peut faire mieux. On peut et on doit toujours faire mieux. Comme le nazisme, Daesh doit être éradiqué, sans l’ombre d’une concession. Mais il y aura toujours des attaques imparables. La détermination n’exclut pas la lucidité.