Hors-normes – L’édito de Christophe Bonnefoy
Hors-normes – L’édito de Christophe Bonnefoy
On ne sait pas vraiment si on doit qualifier l’ultime titre de Camille Lacourt de performance hors-norme ou se laisser impressionner par l’apparente facilité – et la décontraction – du champion. Paradoxalement un peu des deux, sans doute.
C’est justement ce qui caractérise les plus grands : un travail intense, à l’abri des regards qui, une fois arrivé le jour de la compétition, procure au spectateur cette impression que tout paraît simple. Contrairement à un footballeur, par exemple, un nageur ne peut se contenter de miser sur son unique talent. Viser la plus haute marche des podiums signifie sacrifier une grande partie de sa vie de famille, de ses loisirs, pour répéter inlassablement, au millimètre près, les gestes qui feront gagner les millièmes de seconde.
Des centaines d’heure à nager, nager et nager encore. Le Français a réussi à bluffer tous ceux qui voyaient, dans ses adieux à la compétition, aux Mondiaux de Hongrie, la course de
trop. Le champion avouait même être, quelque part, déjà passé à autre chose, puisqu’il a depuis un moment entamé sa reconversion. Et pourtant, et c’est là qu’on peut déceler en lui la marque d’un très grand, il aura eu l’intelligence de ne pas viser l’inaccessible – le 100 m par exemple -, pour se concentrer uniquement sur sa course de prédilection, le 50 m dos. Sans se mettre trop de pression.
Camille Lacourt vient de tirer sa révérence, auréolé de cinq titres planétaires. Au même titre qu’une Manaudou, pour ne citer qu’elle, il aura écrit une magnifique page du grand livre de la natation. Mais contrairement à d’autres, il part sur un succès, du haut de ses 32 ans, qui était loin d’être acquis d’avance. Ce qui rend l’histoire encore plus belle.