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Bien joué ! – L’édito de Patrice Chabanet

Bien joué ! – L’édito de Patrice Chabanet

Emmanuel Macron a toujours plaidé pour un positionnement « et de gauche et de droite ». Avec le dossier STX, la formule a pris corps. La nationalisation temporaire de l’entreprise – car il s’agit bien de cela – annoncée hier par Bruno Le Maire a été saluée favorablement par tous les partis. En pleine guérilla à l’Assemblée nationale, cette unanimité mérite d’être soulignée. Il serait pourtant réducteur de ramener la décision de l’exécutif à une simple performance de politique intérieure. Il faut y voir aussi l’expression d’un pragmatisme revendiqué. La nationalisation n’est pas dans les gènes du libéralisme dont s’inspire la nouvelle majorité, mais elle constitue une passerelle vers des jours meilleurs. Obama l’avait utilisée pour mettre à l’abri le secteur automobile américain dévasté par la crise de 2008, le temps de lui laisser reprendre des forces. La vertueuse Allemagne, devenue le modèle phare de la réussite économique, vient de prendre des dispositions peu connues en France. Le gouvernement Merkel a adopté en effet un décret pour bloquer la vente d’entreprises jugées stratégiques à des investisseurs étrangers. L’alerte avait été donnée par le rachat d’un fabricant de robots industriels, Kuka, par des capitaux chinois. C’est finalement la même logique qui a fondé la décision de La France dans le dossier STX.

Certains y ont vu le retour d’une forme de patriotisme économique. Ils feignent d’oublier que ladite nationalisation est qualifiée de « temporaire ». En fait, on a là un cas exemplaire de libéralisme tempéré. La construction navale française ne peut exister que dans un espace mondial. En témoigne la vente à l’export des bateaux de croisière. Mais pas question pour autant de vendre les bijoux de famille à un concurrent plus intéressé par le fichier clients de l’entreprise que par l’irrigation de la région de Saint-Nazaire à travers un dense réseau de sous-traitants. Tout cela est frappé au coin du bon sens. Les stratégies industrielles ne peuvent pas faire l’impasse sur les répercussions sociales et politiques. Que l’on soit pro-européen convaincu ou souverainiste pur jus.

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