Faux débat – L’édito de Patrice Chabanet
Le président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, n’a pas la tâche facile. Les projets de loi présentés par le gouvernement Philippe défilent à grande vitesse. Une cadence qui perturbe les élus de la majorité, en grande partie des néophytes. Une aubaine pour les différentes oppositions qui s’en donnent à cœur joie pour stigmatiser cette grande masse de nouveaux venus, peu au fait des rites et coutumes de la vie parlementaire. La vie politique est cruelle, on le sait. Malheur à ceux qui sont encore sur le petit nuage d’une élection qu’ils n’osaient pas imaginer il y a quelques mois encore. Mais moquer l’inexpérience de ses adversaires est une chose, transformer l’Assemblée nationale en salle de spectacle en est une autre. A ce jeu-là, la palme revient aux députés de la France insoumise qui ne cessent de faire des « coups » pour se faire remarquer. Dernier en date : le déballage d’un sac de courses pendant les questions au gouvernement, tout cela pour démontrer ce que l’on pouvait acheter avec cinq euros. Allusion poussive à la réduction de l’APL du même montant.
On peut comprendre le désaccord de la France insoumise (qui, soit dit en passant, se trouve sur la même ligne que le Front national sur cette question). L’Assemblée nationale est là pour permettre la confrontation des idées. Cela s’appelle la démocratie. Les pseudo actions d’éclat font sans doute de belles images à la télévision. La prochaine fois, pourquoi pas des porcelets pour dénoncer la politique agricole du gouvernement ? Ou du matériel militaire pour stigmatiser les efforts budgétaires demandés à nos armées ? Ce n’est pas ainsi que la classe politique en ressortira grandie. Que ceux qui se prêtent à ces petits jeux dérisoires et démagogiques n’oublient pas les records d’abstention des élections présidentielle et législatives. Se sentir obligé de sortir un panier pour défendre son point de vue trahit une grande faiblesse dans l’argumentation. Il ne faut pas prendre les citoyens pour des imbéciles.