On rabote – L’édito de Patrice Chabanet
On rabote – L’édito de Patrice Chabanet
Economies, économies…C’est une petite musique à laquelle il faudra s’habituer. Le gouvernement a lancé d’abord son offensive sur le terrain militaire, avec les conséquences que l’on sait. Hier, une nouvelle salve, avec l’annonce d’une baisse de cinq euros par mois pour les aides personnalisées au logement (APL). Pour prévenir les critiques qui se sont tout de suite manifestées, notamment dans les syndicats étudiants, le ministère de tutelle a rappelé que la décision avait été prise sous le précédent quinquennat, sans être appliquée. En clair, le gouvernement ne veut pas porter le chapeau d’une disposition qui l’arrange finalement. Elle constitue en effet l’avant-goût d’une réforme plus vaste du système des prestations sociales. Refonte par ailleurs demandée par la Cour des comptes, pour rationaliser une usine à gaz dont on ne sait pas si les tuyaux vont vers ceux qui en ont le plus besoin. Les coups de rabot ne s’arrêteront pas là. Le ministre du Budget a déjà annoncé des coupes dans la formation professionnelle et les dépenses de logement.
A l’évidence, la méthode Macron s’affiche ostensiblement et radicalement différente de la gouvernance Hollande. Agir vite, en prenant le risque de heurter l’opinion publique, avec l’espoir que la réduction de nos déficits et une meilleure compétitivité de la France ramèneront croissance et emploi. Les vaches maigres avant les vaches grasses, et pas l’inverse, en quelque sorte. Le pari est osé, car notre société est des plus fragmentées : chaque catégorie sociale plaide pour des réformes et des efforts, mais pour les autres. L’idéal serait un bouquet de réformes de fond, même impopulaires, mais porteuses de résultats rapides et visibles. Autant dire que ce n’est pas gagné d’avance.