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Un peu moins muette – L’édito de Christophe Bonnefoy

Un peu moins muette – L’édito de Christophe Bonnefoy

Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne. Jean-Pierre Chevènement avait su s’appliquer un principe édicté par lui-même. Droit dans ses bottes.
La phrase, aujourd’hui célèbre, peut s’étendre à l’armée, cette Grande muette qui préfère traditionnellement ravaler sa fierté plutôt qu’étaler ses colères sur la place publique. Tout aussi droit dans les siennes que l’ancien ministre, le désormais ex-chef d’Etat-major des armées, le général Pierre de Villiers, a préféré claquer la porte plutôt que tenter de tenir «l’intenable», selon ses termes. Et encore, là est bien le souci, c’est en commission parlementaire, à huis clos donc, qu’il a soulevé un problème, et pas des moindres : comment remplir ses missions, quand le budget fond comme neige au soleil et que, dans le même temps, la participation de nos soldats aux conflits de la planète s’intensifie ? L’équation à ne pas poser, visiblement, même si les débats auraient a priori dû rester dans le cadre de la confidentialité et garantir une certaine liberté de s’exprimer. Même pour un général.
Cette crise ouverte au sommet de l’Etat a, au moins momentanément, renforcé la position du président de la République et chef des armées : «C’est moi qui commande». Clair, ferme, sans équivoque.
Reste maintenant à savoir quelles traces aura laissées cette affaire. Qui peut dire aujourd’hui que la prise de position d’un général qui faisait l’unanimité ne fera pas sauter quelques verrous chez cette vieille dame habituellement si peu bavarde ? D’aucuns n’hésitaient pas hier à affirmer qu’Emmanuel Macron a fait une erreur majeure en mettant Pierre de Villiers hors jeu. Il croit avoir fait taire la polémique. A contrario, il a peut-être offert aux militaires l’occasion de libérer leur parole…

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