Réalité sociale – L’édito de Christophe Bonnefoy
Réalité sociale – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il ne suffit évidemment pas de faire de savantes promesses en campagne pour qu’aussitôt après un succès électoral, les belles paroles se transforment comme par magie en actes concrets. Emmanuel Macron n’avait par exemple pas fait l’erreur de promettre tout et n’importe quoi lors de sa venue sur le site de Whirlpool d’Amiens, contrairement à Marine Le Pen. Il avait en quelque sorte fait sienne la fameuse phrase de Lionel Jospin : «L’Etat ne peut pas tout». On se rappelle que l’ancien Premier ministre y avait laissé des plumes. Pas l’ex-ministre de l’Economie. On le voit ces jours-ci de manière prégnante dans le dossier GM&S. L’erreur eut été de laisser croire tout et n’importe quoi. Et surtout n’importe quoi, l’Etat ne pouvant au final pas se substituer aux intérêts privés. Tout juste peut-il jouer un rôle de médiateur et peser autant que possible pour sauvegarder l’emploi, mais sans trop s’avancer. Souvenons-nous de Florange…
Entre ce qu’on souhaiterait et ce qu’on peut réaliser, il y a en effet un monde. Entre la promesse d’une belle et grande poli-tique et la réalité de terrain, un gouffre. Pour les salariés de l’équipementier automobile de la Creuse, seule compte leur propre situation. Le blocage, hier, d’un site de Renault dans l’Yonne, a montré toute la difficulté et la complexité des situations que vivent des millions de salariés. Il y a, d’un côté, les négociations, et même les engagements pris. De l’autre, le quotidien de ceux dont l’entreprise est en liquidation judiciaire et la peur, comme c’est trop souvent le cas, que les solutions trouvées ne masquent finalement un avenir très sombre. Et pour le coup, un fiasco serait directement imputé, à tort ou à raison, au nouveau pouvoir en place.