Territoires – L’édito de Patrice Chabanet
Territoires – L’édito de Patrice Chabanet
La conférence des territoires portait bien son nom. Dans le mille-feuille administratif qui caractérise notre pays, les prérogatives des uns et des autres échappent souvent au citoyen lambda. Il sait ce qu’il paye. Il connaît moins les clefs de répartition des recettes. En annonçant la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages et en déclenchant du même coup une levée de boucliers chez bon nombre d’élus locaux, Emmanuel Macron a mis sur le tapis la question de la ligne de partage des missions de l’Etat et de celles qui incombent aux collectivités locales. L’éternel débat sous-jacent entre Girondins et Jacobins. En clair, la crainte des élus locaux est double : perdre une large part d’autonomie et ne pas retrouver dans les dotations de l’Etat ce manque à gagner au centime près.
Mais les territoires que redessine le chef de l’Etat ne sont pas seulement budgétaires. Ils sont aussi politiques.
Ils visent à identifier, au-delà des résultats électoraux, où sont ses alliés, ses adversaires et les… autres. La réaction de François Baroin, président de l’association des maires de France, et ancien soutien de François Fillon, est symptomatique. Il maintient son opposition à la suppression de la taxe d’habitation telle qu’elle est présentée, mais il ne dit pas non à une réforme de la fiscalité locale. Il se félicite de la création d’une « agence nationale de la cohésion des territoires » et de l’arrêt des fermetures d’écoles en milieu rural. Une attitude que certains qualifieraient de « constructive ». Pour Emmanuel Macron, la partie n’est pas gagnée pour autant. On est au tout début du quinquennat : les grandes lignes se précisent, mais la séquence de l’action sera plus âpre. On verra alors si le territoire du nouveau président s’étend ou se rétrécit sous la pression de la contestation. Pour le moment, il teste la résistance de ceux qui se dressent sur sa route. Le général Pierre de Villiers est en train d’en faire l’expérience. Un véritable marquage de territoire.