Le grand flou – L’édito de Patrice Chabanet
Le grand flou – L’édito de Patrice Chabanet
Il est dit qu’ils boiront le calice jusqu’à la lie. Après le Parti socialiste, en coma dépassé, les Républicains n’arrivent toujours pas à se remettre de leurs lourdes défaites présidentielle et législative. La décision que leur bureau politique a prise hier soir illustre leur désarroi. Il s’est prononcé pour la suspension des « constructifs », une demi-mesure qui ne résout rien et qui, au contraire, montre les contradictions d’un parti face au nouveau pouvoir. L’exclusion était exclue, sauf par la branche droitière, car elle n’est pas dans les gènes d’un parti démocratique. Mais ne rien faire revenait à valider l’idée que l’on pouvait être aux côtés de l’actuelle majorité tout en restant dans l’opposition. Bref, le bureau politique n’avait que le choix entre de mauvaises décisions. C’est bien là le fond du problème. Les Républicains tentent de forcer les « constructifs » à clarifier leur situation. Mais la clarification qui va vite s’imposer est à l’intérieur du parti. Deux lignes s’opposent : celle de l’axe Wauquiez-Ciotti vent debout contre Emmanuel Macron et celle des modérés autour de Xavier Bertrand et de Valérie Pécresse. On ne peut même pas parler de divergences, mais de divorce. On l’a vu à l’Assemblée nationale où une majorité de députés LR a préféré s’abstenir plutôt que de voter la confiance au gouvernement.
Dans ces conditions, l’avenir s’avère compliqué, pour employer un euphémisme. La suspension, annoncée hier, des « constructifs » doit être interprétée comme une étape provisoire dans un parti dotée d’une… direction provisoire. Etrangement, la violence des antagonismes ne fait pas émerger des prétendants face à celui qui revendique la présidence de LR, Laurent Wauquiez. Comme si la scission était devenue inéluctable. On ne voit pas, en effet, comment l’aile droitière et les Macron-compatibles pourront maintenir le mirage d’une cohabitation.