Terre à terre – L’édito de Patrice Chabanet
Terre à terre – L’édito de Patrice Chabanet
Emmanuel Macron s’était vu reprocher de vouloir couper l’herbe sous les pieds d’Edouard Philippe. La critique s’est effacée d’elle-même. Chacun a joué dans son registre. Autant le chef de l’Etat était demeuré sur les hauteurs jupitériennes, autant le Premier ministre est resté au sol, là où se déroule l’action politique, là où se mesure la réussite ou l’échec d’une stratégie. Du coup, sa prestation, moins flamboyante que celle de son inspirateur élyséen, et son débit à grande vitesse, avait la tonalité d’un listing fastidieux. On a eu la confirmation que le programme annoncé par Emmanuel Macron serait bel et bien celui du chef de gouvernement. Mais à y regarder de près, tous les ingrédients sont là mais dans le désordre. Ainsi, la suppression de la taxe d’habitation promise à 80% des foyers dès le début du quinquennat est reportée à 2022. Et si la volonté de faire baisser le niveau de la dépense publique a été réaffirmé, Edouard Philippe, pour le coup, n’est pas entré dans les détails.
Le discours de politique générale du Premier ministre est une figure imposée. Sa pertinence et sa validation ne viendront pas des commentaires à chaud, mais de sa mise en œuvre. Le premier test, d’ici à quelques semaines, sera le débat parlementaire sur la loi d’habilitation à gouverner par ordonnances. Là encore, le chef du gouvernement ne s’est pas trop étendu sur le sujet, comme s’il ne voulait pas dévoiler ses batteries sur un dossier qui risque d’être la mère des batailles de cette session parlementaire. Il est clair que si le gouvernement gagne cette première manche, son autorité sera renforcée pour faire passer ses autres réformes. Il est même convaincu que la croissance et l’emploi repartiront alors à la hausse. Pour le moment, l’opposition parlementaire est contenue : il n’y a eu que 67 voix contre la confiance accordée au gouvernement. Une bonne partie de la droite et du centre a trouvé une voie moyenne, l’abstention. Toujours l’impact du chamboule-tout…