Folle présidence – L’édito de Patrice Chabanet
Folle présidence – L’édito de Patrice Chabanet
Hyperprésidentialisation ? Césarisme ? Pharaonisme ? Tout a déjà été dit sur le nouveau chef de l’Etat. Le débat s’est amplifié avec la tenue du Congrès à Versailles, la veille du discours de politique générale du Premier ministre. Emmanuel Macron essuie les mêmes critiques que la quasi-totalité de ses prédécesseurs. Que n’avaient entendu De Gaulle, Mitterrand, VGE et Sarkozy ! L’avenir nous dira si ces récriminations sont justifiées ou si elles s’inscrivent dans le rituel qui oppose les présidents de la République à leurs adversaires. Quoi qu’il en soit, on est encore loin, très loin des frasques de Trump. Là-bas, la question n’est plus de savoir si le locataire de la Maison-Blanche outrepasse ses droits ou s’il tord l’ordre institutionnel à son profit. Elle touche à l’équilibre mental du président américain. On peut parler de folle présidence. Dans un tweet – son moyen de communication favori – il se met en scène en train de tabasser un personnage dont la tête a été remplacée par le logo de la chaîne de télévision CNN. Imagine-t-on une seule seconde la même scène en France ?
La lamentable prestation de Trump montre en tous les cas que l’exercice du pouvoir ne peut plus être appréciée à la seule aune du droit constitutionnel. Les nouvelles technologies d’information, et les réseaux sociaux en particulier, modifient les relations entre gouvernants et gouvernés. Ils court-circuitent les corps intermédiaires. Dans le cas de Trump, ses tweets constituent une forme d’oukases revisités. Fort heureusement, Macron, comme Hollande et Sarkozy avant lui, ne confond pas son téléphone portable avec une arme de poing. Sa manière de présider peut être contestée. Elle l’est déjà. C’est le jeu démocratique. Trump, lui, a déjà largement dépassé ce stade. Il risque maintenant la destitution.