Premier raté – L’édito de Patrice Chabanet
Premier raté – L’édito de Patrice Chabanet
Ce n’est pas une catastrophe, mais cela constitue déjà une chaude alerte. Edouard Philippe aime à comparer son gouvernement à un orchestre symphonique. Force est de reconnaître que deux de ses musiciens n’ont pas lu la même partition. Son ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, s’est cru autorisé à annoncer l’aménagement de l’interdiction des insecticides de la famille des néonicotinoïdes. Pas question, lui a répondu sèchement Nicolas Hulot, son collègue de la Transition écologique. Premier raté dans la cohésion gouvernementale, en contradiction totale avec les consignes du chef de l’Etat qui ne veut plus réentendre la petite musique des couacs en série de l’ère Hollande. Le Premier ministre a fait le job : donner à chaud raison à Nicolas Hulot. Un choix clair et net, imposé par les nécessités stratégiques. La valeur politique du ministre de la Transition écologique est autrement plus importante que celle du titulaire de l’Agriculture. Il constitue une prise de guerre emblématique d’Emmanuel Macron, ce qui lui a valu le titre de ministre d’Etat. L’ancien animateur d’Ushuaia sait en jouer. Le raté d’hier lui a permis de marquer son territoire. Or on sait que son territoire est vaste, puisque la réalité écologique est transversale. Il a fait mordre la poussière à Stéphane Travert. Ce faisant, soit dit en passant, il risque d’exaspérer ses collègues pour qui l’action gouvernementale ne saurait être appréciée au seul prisme de l’environnement.
Pour l’opinion publique, l’incident laissera peu de place. L’incendie a été vite circonscrit. Les chiffres du chômage publiés hier, eux, ont remis le projecteur sur un mal plus profond, le chômage. Le gouvernement sera jugé sur son aptitude à le faire reculer. Ce qui implique un plan de bataille cohérent, avec une équipe gouvernementale soudée. La partition doit être finement jouée. Tout raté aurait des conséquences désastreuses pour la crédibilité de la nouvelle majorité et l’exécutif.