La nouvelle route de la soie – Patrice Chabanet

La Chine ne nous étonnera plus. Cela fait maintenant plusieurs décennies que sous un vernis toujours communiste elle a adopté toutes les règles du libéralisme, pour ne pas dire du capitalisme pur et dur. Ses dirigeants ne cachent pas leur ambition : faire de leur pays la première puissance mondiale, et pas seulement dans le domaine économique. Dans cette marche en avant, l’empire du Milieu a retrouvé ses réflexes d’antan. C’est ainsi qu’il veut ouvrir les Nouvelles routes de la soie. Il ne s’agit pas d’une opération symbolique visant à flatter la nostalgie des temps anciens. Mais un projet en bonne et due forme. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le leader chinois a annoncé avant-hier la mise à disposition de plus de 100 milliards d’euros pour la réalisation d’investissements sur cette fameuse route de la soie. Et la Banque de développe-ment de Chine est déjà prête à rallonger plus de 800 milliards d’euros.
L’initiative de Pékin n’a donc rien de gratuit, c’est le cas de le dire. Le Forum international des routes de la soie qui vient de se tenir dans la capitale chinoise l’a montré sans fard. Le président Xi Jinping a exprimé son souhait de voir se déve-lopper une vaste « ceinture » d’infrastructures et d’échanges commerciaux. Certains y voient plutôt la volonté d’optimi-ser la mondialisation au profit de la Chine, au moment où les Etats-Unis semblent vouloir se replier sur eux-mêmes. D’autres considèrent plus crûment que les Chinois entendent étendre leur influence sur une route qui mène à l’Europe. De nombreux pays invités à ce forum – dont le géant indien – ont décliné l’invitation. C’est un signe.
Pour des raisons électorales évidentes, le forum de Pékin n’a pratiquement pas été évoqué en France. C’est dommage. Les ambitions de la Chine nous concernent tous. Elle dispose d’un trésor de guerre qui lui permet de racheter entreprises, ports et aéroports, comme la Grèce a dû l’accepter pen-
dant la crise financière. Une réalité qu’il faut regar-
der en face.