Ce que révèle l’étude des frayères à truites sur le Rognon
Depuis quatre ans, l’Association de défense et de protection du Rognon (ADPR) mène une campagne d’inventaire des frayères à truites sur cette rivière. Des indications intéressantes ressortent de cette véritable banque de données qui nécessite un important travail intégralement bénévole.
«Les frayères sont des endroits très importants. C’est la qualité des affluents qui fait la qualité du cours d’eau principal» indiquent Gérard Corrot et Bernard Cazin.
Ainsi sur le Rognon, les ruisseaux et restitutions de biefs abritent les deux tiers des frayères. Beaucoup ne sont plus en état d’assumer ce rôle. «Sur la quinzaine de ruisseaux situés entre Andelot et la confluence avec la Marne, seulement trois d’entre eux, dont un réhabilité récemment, restent partiellement actifs» résument les bénévoles de l’ADPR.
La partie aval la plus critique
Manque d’entretien ou au contraire travaux destructeurs, embâcles et obstacles parfois très anciens sont les principaux facteurs de perturbations. «A partir de Doulaincourt, la population de truites est tributaire de la dévalaison, puisqu’il n’y a pas de possibilité de reproduction (…) la partie aval du Rognon depuis Roches-Bettaincourt jusqu’à la confluence à Mussey est la plus critique», selon Gérard Corrot et Bernard Cazin.
«Sur les cinq principaux affluents, seule la Joux et quelques nids dans la Dhuit apportent un alevinage naturel très insuffisant. Ce secteur a perdu 80 % de son potentiel de reproduction naturelle».
«Notre rapport dérange»
En résulte une chute impressionnante : la productivité piscicole à l’aval de la rivière est passée de 250 kg/ha à 15 ou 20 kg/ha. Les pollutions agricoles et humaines sont également pointées.
«Notre rapport dérange, surtout ceux qui veulent faire croire que tout va bien. Pourtant, nous ne sommes que des bénévoles, nous ne vendons rien, nous constatons et relevons des données, c’est tout» argumentent Bernard Cazin et Gérard Corrot.
Une étude précieuse à l’heure du développement annoncé du tourisme pêche dans le secteur. Comprendre les causes permet de remédier en partie aux problèmes, parce que le Rognon mérite bien qu’on le soigne.
Jean-Noël Deprez