Ouverture de la truite 2015 : en piste…

Samedi 14 mars à 6 h 38, près de 10 000 pêcheurs haut-marnais ont rendez-vous au bord de l’eau pour l’ouverture de la truite. Un moment privilégié pour nombre d’entre eux qui y restent attachés. La journée s’annonce belle avec des rivières bien remplies et une météo favorable.

«Il y a de l’eau» dans les rivières. Ce constat est général en Haute-Marne et laisse augurer de bonnes conditions de pêche pour l’ouverture de la truite. Du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, les responsables des AAPPMA confir- ment cette tendance. Si elle se conjugue à une météo propice, le week-end devrait être sympathique au long des berges.

L’AAPPMA de Vaux-Isômes gère près de 25 km de parcours en 1ere catégorie sur le Badin et la Coulanges, dans le secteur de Vaux-sous-Aubigny et Prauthoy, et plus de 10 km en 2e catégorie sur la Vingeanne.

Son président, Freddy Curie confirme les bons niveaux d’eau «mais cela commence à baisser un peu. Si cela continue, cela va être un peu bas». Les prévisions météo pourraient bien lui donner raison.

Plus à l’Est, vers Fayl-Billot, l’Hameçon Bussiérois – La Vannone compte 22 km de rivières en 2e catégorie pour une soixantaine de pêcheurs. Alain Meuret, le président de l’AAPPMA, fait état de niveaux réguliers sans excès et d’une eau pas trop troublée.

Même constat de la part de Jean-Pierre Sombstay, président de la société de Fresnes-sur-Apance. Dans cette petite structure, on privilégie la convivialité entre les membres avec un casse-croûte institutionnalisé au pont à l’entrée du village.

Dans l’Ouest du département, l’Aube et l’Aujon bénéficient également de niveaux d’eau corrects. Ainsi, à Châteauvillain, la Truite Marmessienne a un parcours de 2,7 km plutôt morcelé.

Joël Chalot, son président, se félicite de la situation, sur un cours d’eau «resté assez naturel et intéressant. L’an dernier, la pêche électrique a révélé une population de truites assez consé- quente, quasiment autant que sur le Rognon, et bien répartie au niveau des tailles».

Des niveaux sous surveillance

Dans le Nord du département, vers Poissons, l’eau du Rongeant est «ni trop claire, ni trop foncée. La Pisancelle est un peu plus basse, elle descend plus vite» indique le président Stéphane Marangé. Les nombreux jeunes perdus par la Truite du Rongeant, «à cause de Joinville qui offrait les cartes», selon le président, devraient revenir cette année.

La société est l’une des seules du département à vendre uniquement sur Internet, dans un secteur pourtant très rural et parfois mal desservi. «Soit les gens les prennent de chez eux, soit ils viennent chez moi», dit Stéphane Marangé. «On voit plus les pêcheurs, et cela se passe aussi bien».

«La tendance peut vite basculer»

Du côté de Montier-en-Der, l’heure est aussi aux rempoissonnements, demain en l’occurrence sur les 20 km du parcours de la Gaule. Les eaux de la Voire sont selon les secteurs assez brouillées pour la pêche au ver et aux appâts naturels, et assez claires pour le lancer. «Elles seront pêchables quelle que soit la technique» se félicite le président Sébastien Godard. Il met quand même un bémol : «La tendance peut vite basculer, dans le secteur, les rivières montent très vite et jaunissent très vite».

Sur la Blaise, la situation est équivalente, selon Denis Coudrat, dont l’AAPPMA administre 12 km de rivière, de Wassy à Doulevant- le-Petit. De bons niveaux, une rivière un peu claire, un empoissonnement qui couvira aussi le secteur récupéré l’an dernier «mais la rivière monte et descend très vite. Avec les drains des champs, c’est tout de suite très jaune dès qu’il pleut un peu, et cela se vide très vite aussi.»

Sur la Marne, « ça a l’air sympa, la météo va être avec nous. On a tous les atouts pour une bonne réussite.» selon Patrick Andriot, de la Nageotte Chaumontaise.

Convivialité à Soncourt-sur-Marne

Le Brochet soncourtois rassemble environ 90 pêcheurs sur ses 13 km de Marne en première catégorie. Son président, Mathieu Caussin, constate une belle couleur de l’eau, mais qui devrait être plutôt basse et froide.

«Comme il gèle encore le matin, les truites vont sans doute commencer à mordre quand les premiers rayons du soleil réchaufferont l’eau». Des truites fario tout juste remises à l’eau, puisque le rempoissonnement aura lieu aujourd’hui sur Soncourt et Vraincourt. Il réitère la consigne de respect des clôtures et des propriétés.

La buvette du pont de Soncourt devrait elle aussi centraliser les commentaires des pêcheurs à l’heure du casse-croûte. Une convivialité qui fait aussi partie des charmes de l’ouverture.

Jean-Noël Deprez

Billet : Le blé en herbe

Deux exemples récents de l’actualité halieutique montrent une désespérante tendance à sacrifier l’avenir des populations piscicoles sur l’autel du court terme.

Ainsi, le ministère dit “de l’Ecologie” a doublé en octobre le quota d’alevins d’anguilles (les civelles) autorisés à la vente. Un comité socio économique largement noyauté par les professionnels est à l’origine de cette proposition. Elle se base sur une augmentation des densités de civelles observée depuis trois ans. Faut-il le rappeler, les anguilles sont toujours une espèce menacée, et c’est aussi la seule espèce protégée dont on peut prélever les alevins… Cherchez l’erreur.

Plus proche de nous, des internautes ont mis en ligne fin 2014 une photo révélatrice, prise sur les berges d’un lac du Sud du départe- ment. On y voit un réel massacre de brochetons, manifestement très très en dessous de la taille légale. Ledit massacre aurait d’ail- leurs été commis par un pêcheur local, membre d’une AAPPMA locale, et non par un «étranger». Le même genre d’individu qui se plaindra sans doute à l’ouverture de prendre moins de poissons qu’avant. Cela s’appelle “manger son blé en herbe”…

Jean-Noël Deprez