Charmes et désagréments de l’ouverture aux carnassiers
L’ouverture de la pêche aux carnassiers a rassemblé des centaines de pêcheurs sur les lacs du Pays de Langres en ce 1er mai 2015. Malgré une météo des plus exécrables, on a fait contre mauvaise fortune bon cœur. Reportage à la digue de Charmes.
Pour une fois, le niveau de l’eau du lac n’était pas le principal sujet de conversation, hier à Charmes, en pays de Langres. On a rarement vu météo aussi désastreuse à l’ouverture des carnassiers.
Pluie continue et plafond bas, brouillard… les hirondelles rasaient la surface de l’eau. De l’eau, il y en avait. Dans la digue, mais aussi dans le ciel, et elle se déversait en abondance sur les pêcheurs.
Les carnassiers, eux, ne brillaient ni par leur présence ni par leur voracité. Brochets, perches, sandres ou silures, peut-être refroidis par la baisse des températures, n’ont que peu mordu.
Du barrage à la queue du lac, côté Bannes, de la baie de Varbeton à celle de Champigny, des dizaines de pêcheurs ont bravé la météo. Ils ont souvent fait contre mauvaise fortune bon cœur, espérant en des jours meilleurs pour les pêches miraculeuses. Nombre d’entre eux ont plié les gaules dès le milieu de matinée.
Sur le barrage, rendu glissant par la pluie, nul n’a été assez suicidaire pour s’aventurer sur les pierres.
Le long des berges, çà et là, quelques pêcheurs sont installés sous de grands parapluies, attendant une hypothétique touche sur les vifs. D’autres se réchauffent en prospectant les bordures au lancer, à peine récompensés par quelques « gratouilles” sur les leurres.
Plus loin, on tombe sur des pêcheurs venus de Roches-Bettaincourt, dans la vallée du Rognon, bien connue pour ses truites et ombres.
Un casse-croûte bien au frais
Sur les pontons métalliques du pont de la route traversant le lac, quelques pêcheurs sont parfois venus de fort loin. Un Dijonnais, enfant de Langres, est présent.
Le plus jeune garçon, Lucien, a traversé la France depuis le Pays Basque, comme il le fait depuis 2009. Sa sœur, elle, est en stage de ski nautique à La Liez. Ils sont de Ciboure, bourgade à côté de Saint-Jean-de-Luz, connue pour ses pêcheurs de thons et de sardines. Lucien affiche une belle maîtrise technique et un remarquable enthousiasme, pas le moins du monde douché par la pluie.
Dans une barque orange, des Chaumontais prospectaient les bosquets. Autour de l’embarcadère, on comptait une quinzaine de remorques à bateau stationnées.
Vers la baie de Varboton, un groupe de Vouécourtois casse la croûte. Ils sont à peu près à l’abri sous une bâche tendue depuis le toit d’un monospace. L’ambiance est joyeuse quoique fraîche, autour du rosé et des charcuteries.
Du côté pêche, ce sera brochet ou silure. «C’est selon ce qui va sauter sur les vifs», si toutefois quelque poisson consent à le faire. Si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera plus tard : la saison ne fait que commencer. Gardons la pêche.
Jean-Noël Deprez