Moment unique sur le Gravier
Le Gravier est un des multiples ruisseaux de la région de Varennes-sur-Amance. Fermé à la pêche depuis cinq ans, il rouvrait cette année 2016 et devrait être de nouveau en réserve en 2017. Reportage avec un groupe de passionnés.
Entre Damrémont, Laneuvelle, Coiffy-le-Bas, le Gravier coule dans un environnement de bois et de prés, typique de la région d’Amance-Apance. Le cours d’eau n’est pas très large, 3 m maximum, et profond de 60 à 80 cm, 1 m dans les fosses.
Le froid était piquant au petit matin du 12 mars 2016, avec des gelées mar- quées. Le niveau du Gravier, bien qu’élevé, a bien redescendu depuis les crues du début de la semaine.
En revanche, sa couleur grise était hier celle des « eaux de neige ». «Mardi il y avait 5 cm sur les plateaux autour. C’est pas très bon pour la pêche» constate Franck Thévenin, 42 ans, dont la famille habite Coiffy-le Haut depuis plusieurs générations.
«J’ai fait ma toute première ouverture ici, sur le Gravier. Mon père m’y emmenait tout petit. Cette année, c’est ma 33e carte de pêche.»
Lui et ses amis prospectent les caches, nombreuses, favorables à la truite. Souches, berges creusées, cascatelles, bois noyés… Tous pratiquent à l’aide de cannes « téléréglables » dont la longueur peut varier en fonction de la largeur du cours d’eau.
Simple et efficace
C’est qu’ici, les berges sont encaissées, il est malaisé de rentrer dans l’eau, et il est indispensable de se tenir à l’écart pour ne pas se faire repérer. Les montages sont simples et efficaces : un hameçon simple garni d’un ver ou d’un vairon, une ou deux chevrotines en plombée à 10 cm… Même avec un vairon, c’est une pêche qui s’apparente au toc.
Un peu plus loin, Stéphane Samper « traite » un poste au pied d’une souche. Originaire de Bourbonne, il habite maintenant Troyes pour raisons professionelles. Mais il revient tous les ans pour l’ouverture. «Un moment sacré» pour lui, comme d’ailleurs pour Franck Thévenin, qui n’hésite pas à prendre des astreintes à Noël ou Nouvel An pour se réserver la faculté de faire l’ouverture.
Des truites particulières
Tout d’un coup, c’est la touche, et une prise se débat au bout de sa ligne. Un peu petite, elle retrouvera son élément naturel très rapidement et sans dommage.
Les truites du Gravier offrent un aspect très particulier. Ce sont des poissons superbes, à la robe très claire, presque crème, avec des points rouges très marqués. De « vraies sauvages » et non des farios remises.
«On préfère prendre quelques beaux poissons de souche par an plutôt que quatre truites remises en 20 minutes à l’ouverture» assure Franck Thévenin.
Le Gravier était autrefois très réputé. «Il y a plus de 20 ans, on pêchait chaque année un ruisseau différent à l’ouverture. On tournait entre la Petite Amance, la Maljoie et le Gravier. Quand c’était le tour du Gravier, il y avait foule à l’ouverture.» indique Franck Thévenin. Une pratique qui n’a plus cours aujourd’hui et qu’il souhaite voir remise au goût du jour. «Cela laissait aux rivières deux ans pour se refaire entre chaque saison. Nos ruis- seaux ne peuvent pas supporter une pression de pêche continue.»
Ainsi, le Gravier, rouvert à la pêche cette année, était en réserve depuis cinq ans. Il faudra voir à la fermeture de la première catégorie, le 18 sep- tembre, cartes de pointage des prises à l’appui, ce que donnera cette saison. L’ouverture, dans des conditions particulières, laisse voir un ruisseau à fort potentiel, qui ne demande qu’à se monter à la hauteur de sa réputation passée.
Jean-Noël Deprez